Illectronisme  : les exclus du numérique

Selon une étude de France stratégie menée en 2018, 14 millions de Français ne sont pas à l’aise avec Internet (28 % de la population). Les seniors sont les plus impactés mais cela touche en réalité toutes les tranches de la population. Le gouvernement a pour mission de réduire la fracture numérique. Alors que tous les services publics devraient être dématérialisés d’ici 2022, comment accompagner ces publics dans la transition numérique ?

L’illectronisme se définit comme étant un manque ou une absence totale de connaissance des clés nécessaires à l’utilisation et à la création des ressources électroniques. C’est en quelque sorte une forme d’illétrisme du numérique. Derrière ce néologisme (qui date tout de même de la fin des années 1990) peut se cacher une véritable épreuve pour près de 14 millions de Français. Exclusion sociale Depuis près de 20 ans, la fracture numérique préoccupe nos dirigeants. Celle-ci fut tout d’abord d’ordre économique, c’est-à-dire concernant les difficultés en termes d’équipement (matériels informatiques mais aussi abonnement Internet).

Mais aujourd’hui, il s’agit davantage d’inégalités d’ordre social. En juin 2018, l’institut CSA, (Conseil supérieur de l’audiovisuel) et le Syndicat de la presse sociale (SPS) ont mené une étude afin de sensibiliser les pouvoirs publics sur ce problème d’exclusion sociale. Intitulée “Enquête sur l’illectronisme en France“*, celle-ci établit à 23 % le taux d’illectronisme parmi les personnes interrogées par téléphone. Si cela représente une minorité pour le président du SPS, Philippe Marchal, cela reste préoccupant. D’autant plus que le gouvernement projette une dématérialisation totale des services publics à l’horizon 2022. L’étude met en évidence un manque de formation et d’apprentissage mais aussi d’accessibilité. Si beaucoup utilisent les services du numérique dans leur environnement professionnel, ce n’est pas le cas de tout le monde. Par ailleurs, certains sites administratifs ou commerciaux s’avèrent particulièrement abscons. Enfin, l’étude met en avant ce qu’elle appelle les “abandonnistes“ : des personnes qui ont abandonné un achat ou une démarche administrative car découragées face à une difficulté. Or cela pose de graves problèmes d’équité entre citoyens dans l’accès à certains droits.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cela ne touche pas que les seniors, mais toutes les tranches d’âge, toutes les catégories socioprofessionnelles, autant les hommes que les femmes, en milieu rural comme urbain.

Rejet délibéré ? Derrière ce terme se trouvent également des personnes ayant une réelle défiance pour Internet. Certains le percevant comme une menace (destruction d’emplois, déshumanisation, fausses informations…) ou encore le rejetant précisément parce que c’est un outil trop fortement imposé dans nos sociétés. Ces personnes sont bien souvent réfractaires et entrent en résistance face au “tout numérique“. Moyens mis en oeuvre aujourd’hui

Le gouvernement Macron se penche à son tour sur ce sujet. Mounir Mahjoubi, secrétaire d’Etat au numérique, a annoncé en septembre 2018 que le gouvernement allait consacrer entre 75 et 100 millions d’euros à la réduction de cette fracture numérique. Cela passera par de la formation, avec des crédits de 50 e à 100 e distribués par Pôle emploi, la Caisse d’allocations familiales, l’Assurance maladie et les collectivités.

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