Le petit déjeuner est un rituel pour de nombreux Français. Mais est-il vraiment indispensable ? Que devrions-nous manger pour profiter de ses bienfaits ?
Le petit déjeuner serait le repas le plus important de la journée. Une phrase que nous avons tous déjà lue ou entendue. Mais d’où vient cet adage ? Et est-il juste ? Il est issu d’une publication de Lenna F. Cooper au début du XXe siècle dans la revue « Good Health », magazine de santé appartenant à un certain John Harvey Kellogg, docteur et nutritionniste, mais surtout inventeur des fameux cornflakes. Ces pétales de maïs destinés au départ à lutter contre les problèmes d’indigestion des travailleurs vont très vite devenir populaires. Il en est de même pour le rituel du petit déjeuner tel que nous le connaissons aujourd’hui. Quant à savoir si l’adage est juste, c’est loin d’être vérifié…
Pas de bénéfices avérés du petit déjeuner sur le poids
L’intérêt du petit déjeuner le matin ne fait pas consensus dans la littérature scientifique. Pour certains, il serait indispensable pour optimiser ses capacités physiques et intellectuelles, voire maîtriser son poids. Mais la plupart des études soutenant cette thèse sont financées par des géants du secteur, dont Kellogg’s et Neslté. Or, selon une méta-analyse* parue en 2019 (une étude compilant les données de plusieurs autres études), il n’y aurait aucune preuve que la prise régulière d’un petit déjeuner favoriserait la perte de poids. En revanche, plusieurs recherches ont établi un réel bénéfice pour les enfants et les adolescents. Mais là encore, cela dépend de nombreux facteurs, à commencer par ce qui compose ce repas. Il doit avoir un réel intérêt nutritionnel, ce qui n’est pas toujours garanti avec les références proposées par l’industrie agroalimentaire. Ses produits sont en effet régulièrement pointés du doigt pour leur mauvais score nutritionnel, notamment des taux de sucres trop élevés (surtout dans les produits destinés aux enfants).
Appétit grandissant des Français
En 2020, à la suite des différents confinements, l’attrait des Français pour le petit déjeuner s’est accru. Le marché des céréales a enregistré à lui seul une croissance de 9 % en valeur, pour atteindre 690 millions d’euros au total, alors qu’il stagnait depuis des années. Les Français ne sont pas de gros consommateurs de céréales. Nous en ingérons moins de 2 kg par an et par personne, soit trois fois moins qu’en Grande-Bretagne. Un tiers des foyers n’en consomme même jamais. Mais l’arrivée sur le marché des produits bio change la donne. Ces dernières années, tous produits confondus, les petits déjeuners « sains » ont progressé d’environ 20 %, pour peser près de 1,3 milliard d’euros. Les modes de consommation du petit déjeuner changent et bouleversent le secteur. « Dans nos études, trois quarts des Français déclarent avoir changé leurs habitudes alimentaires en deux ans ! Le local et le naturel sont privilégiés », analyse Karin Perrot, directrice conseil chez Kantar Insights. Les géants du secteur se livrent donc une forte concurrence. Kellog’s reste toutefois le leader du marché, devant Neslté.
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Des produits toujours trop sucrés
Dans son dernier numéro, le magazine « 60 millions de consommateurs » a passé au crible soixante variétés de céréales et de chocolat en poudre, produits qui sont majoritairement consommés en France au petit déjeuner. Tandis que les consommateurs sont en demande de produits de meilleure qualité (moins gras, moins sucrés, bio, etc.), la qualité nutritionnelle de ces aliments n’est pas toujours au rendez-vous. Certaines recettes contiennent trop d’additifs mais également trop de « mauvais » sucres (saccharose, sirop de glucose-fructose, fructose…) et pas suffisamment de fibres. Les mueslis ne font d’ailleurs pas beaucoup mieux, surtout ceux au chocolat.
Le magazine attire également l’attention des consommateurs sur l’ajout de sel et la quantité de protéines. Les céréales aux fruits se montrent ainsi plus intéressantes d’un point de vue nutritionnel. Elles sont moins sucrées et plus riches en fibres. À noter que les paquets fournissent des informations nutritionnelles basées sur des portions de 30 g. Une quantité rarement respectée par les consommateurs adultes qui consomment volontiers des bols de 50 g. La quantité est encore plus importante chez les adolescents, qui se servent même plusieurs fois.
Quant aux cacaos en poudre, s’ils sont quasiment tous exempts d’additifs et pauvres en graisse, ils restent trop sucrés. « Un bol de 200 ml apporte en moyenne 20 g de sucre (…) soit 40 % des apports journaliers recommandés ». Le magazine indique toutefois que la composition des produits est globalement correcte et sans excès d’additifs, ce qui est rassurant dans la mesure où ils sont principalement consommés par des enfants. Plus d’informations dans le numéro 573 (octobre 2021) de « 60 millions de consommateurs ».
Quel est le petit déjeuner idéal ?
Le petit déjeuner consiste à rompre le jeûne de la nuit et à donner de l’énergie pour débuter la journée. Selon le Plan national nutrition santé (PNNS), il devrait couvrir 20 à 25 % de l’apport journalier en énergie. Cela représente 500 kilocalories en moyenne pour un adulte. Pour réveiller le système digestif en douceur, se réhydrater et éliminer les toxines, vous pouvez commencer par boire un verre d’eau tiède.
Si les viennoiseries, tartines de confitures, céréales et autres biscottes font partie du stéréotype du petit déjeuner à la française, ce ne sont pas les aliments à privilégier au quotidien, car trop riches en sucres. Mieux vaut favoriser les protéines (œuf, blanc de dinde, yaourt nature, flocon d’avoine…), le bon gras (comme les purées d’oléagineux) ainsi que des fruits (entiers de préférence) et une boisson chaude.
* Effect of breakfast on weight and energy intake: systematic review and meta-analysis of randomised controlled trials (en anglais – accès libre)