Les effets néfastes des perturbateurs endocriniens sur le développement du système nerveux sont déjà connus, mais les chercheurs de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) ont poussé plus loin la recherche, en se penchant sur l’exposition des femmes pendant leur grossesse et les conséquences sur leurs enfants dans le temps. Rendue publique le 29 septembre dernier dans la revue Environmental Health Perspectives, l’étude révèle que l’exposition des femmes enceintes à certains phénols et phtalates est associée à des troubles du comportement des garçons de 3 à 5 ans. Parmi ceux-ci, trois substances chimiques (omniprésentes dans une multitude de produits de consommation courante comme les plastiques ou les cosmétiques) sont préoccupantes :
- le bisphénol A : interdit dans tous les contenants alimentaires en 2015 (date ultérieure à la réalisation de cette étude), il est cependant toujours utilisé dans une multitude d’objets courants (CD, casques à vélo, etc.) ;
- le triclosan : il s’agit d’un agent antibactérien que l’on trouve dans les savons, les dentifrices ou les gels douches ;
- le phtalate de dibutyle (DBP) : utilisé comme plastifiant dans des plastiques de type PVC, certaines colles, des vernis à ongles ou des laques pour cheveux.
L’étude a porté sur 529 petits garçons de la cohorte mère enfant Eden, mise en place par l’Inserm. Les mères de ces garçons ont été recrutées lorsqu’elles étaient enceintes, entre 2003 et 2006, dans les CHU de Nancy et de Poitiers. Durant la grossesse, un échantillon d’urine a été recueilli chez les femmes enceintes permettant de mesurer leur exposition aux substances précitées. Rémy Slama, coordonnateur de l’étude, indique que le triclosan a été détecté chez 80 % des mères et le Bisphénol A chez 100 % d’entre elles !
Après la naissance, au 3ème et au 5ème anniversaires des enfants, ces femmes ont été invitées à remplir un questionnaire évaluant certains aspects du comportement, comme l’hyperactivité, les troubles émotionnels et relationnels. C’est en comparant les questionnaires et l’exposition des mères à ces produits chimiques lors de leur grossesse que les chercheurs sont arrivés à la conclusion d’une corrélation avec les troubles du comportement des jeunes enfants.
Les résultats de cette étude pourraient même être sous-estimés, étant donné que la présence de perturbateurs endocriniens dans l’alimentation ou les cosmétiques ne fait pas l’objet d’un étiquetage obligatoire. L’exposition demeurant invisible, il est donc très difficile de s’en prémunir…