2020 a vu disparaître de nos rayons les assiettes et gobelets en plastique à usage unique. Depuis le 1er janvier 2021, d’autres objets sont également interdits à la vente, avec pour objectif la disparition totale des plastiques mono usages dans notre quotidien en 2040.
Le plastique (polyéthylène, polypropylène, polystyrène) a pris une place considérable dans nos vies et se retrouvent donc fatalement dans nos déchets. A tel point que, selon certains experts, si l’on ne fait rien, il y aura plus de plastique dans les océans que de poissons en 2050. Le processus législatif a démarré en 2016, avec la fin des sacs plastiques en caisse, puis pour les fruits et légumes en 2017. En février 2020, la loi française « contre le gaspillage et pour l’économie circulaire » est venue renforcer ces interdictions tout en proposant « des objectifs réalistes et des solutions alternatives crédibles ».
Disparition de la vaisselle jetable
Début 2020, ce sont les assiettes, les gobelets ainsi que les cotons-tiges en plastique à usage unique qui ont disparu de la circulation. Depuis le 1er janvier de cette année, les pailles, couverts, touillettes pour boissons chaudes, boîtes à sandwich (de type boîtes à kebabs en polystyrène), couvercles de boissons, tiges pour ballons, confettis et piques à steak en plastique à usage unique sont également interdits à la vente. Les distributeurs bénéficient toutefois d’un délai de six mois pour écouler leurs stocks. De leurs côtés, les entreprises et les collectivités locales ne peuvent plus distribuer gratuitement de boissons dans des bouteilles en plastique.
En parallèle, le vrac va être développé avec le déploiement d’un dispositif obligeant les vendeurs à accepter les contenants apporter par les consommateurs, « dans la mesure où ce dernier est visiblement propre et adapté à la nature du produit acheté ».
En 2022, ce sont les suremballages plastique pour les fruits et légumes de moins de 1,5kg qui seront proscrits, ainsi que les sachets de thé en plastique mais aussi les jouets distribués gratuitement dans les fast-foods. Au 1er janvier 2023, la vaisselle jetable disparaîtra des fast-foods pour les repas pris sur place.
Sus aux microplastiques !
Invisibles pour les yeux mais extrêmement néfastes pour l’environnement et notre santé, les microplastiques sont un fléau. Ils sont présents notamment dans les tissus synthétiques et les cosmétiques et se retrouvent par la suite dans les sols, dans l’air, dans les eaux des fleuves et des océans. La loi anti-gaspillage prévoit l’interdiction de vendre des dispositifs médicaux contenants des microplastiques au 1er janvier 2024.
Concernant les produits cosmétiques rincés (shampoing, gel douche, produits de coloration, démaquillant) qui en contiennent également, l’interdiction entrera en vigueur au 1er janvier 2026. A noter pour cette catégorie que les microplastiques sont d’ores et déjà interdits dans les gommages et exfoliants depuis 2018. L’on peut se féliciter que des consommateurs (sondage Toluna, juillet 2020) s’engagent dans le « fait maison » pour lequel des ateliers de formation fleurissent.
Enfin, les lave-linge neufs devront être dotés de filtres à microfibres plastiques à compter du 1er janvier 2025.
Changement d’habitudes
La disparition progressive de ces produits entraînera de nouveaux modes de consommation. En attendant, difficile de fermer les yeux sur la pollution engendrée par le plastique. Si les industriels vont devoir se plier à de nouvelles règles, le consommateur de son côté doit aussi s’adapter, en développant ses achats responsables et en utilisant des contenants renouvelables tels que gourde, couverts réutilisables en bois ou en inox, contenants en verre…
La consigne pourrait aussi faire son retour. Une pratique qui a quasiment disparu partout en France, sauf en Alsace. D’ailleurs, en avril 2019, l’association Zéro Déchet Strasbourg a lancé le réseau Alsace Consigne avec ses partenaires Carola, Lisbeth et le brasseur Meteor. Ce réseau travaille « à mieux faire connaître l’offre de produits consignés et ses lieux de distribution et à lever les freins d’usage que peuvent rencontrer consommateurs et distributeurs ».
Covid-19 : retour en force du plastique
Protocole sanitaire oblige, les masques, lingettes, gants, suremballages ont déferlé… Laissant penser que dans ce contexte, seul le tout jetable est la meilleure protection. Les dernières recommandations sanitaires préconisent d’ailleurs l’usage de masques en tissus certifiés ou chirurgicaux à usage unique dont la production est croissante. 500 milliards de masques chirurgicaux ont été en circulation dans le monde en 2020. Et leur production pourrait croître de 10 à 20 % d’ici 2024.
Une situation alarmante pour Nathalie Gontard, chercheuse et spécialiste du plastique à l’INRA. Elle a fait part de son inquiétude au micro de France Inter quant aux dangers que représentent ces masques vis-à-vis de l’environnement et de la santé une fois que nous avons fini de les utiliser. Nous les retrouvons au sol, dans la rue et dans les océans, déjà surchargés de pollution plastique. Mais la chercheuse met en garde surtout contre leur dégradation dans la nature. Car, en se décomposant, les fibres plastiques deviennent nanoparticules pour finir dans les eaux et les airs, contaminant notre chaîne alimentaire. Nous pourrions, selon elle, être nous-même contaminés en quelques dizaines d’années seulement.
D’autant que la ministre de la Transition écologique et solidaire précisait fin janvier en interview télévisée qu’aucune filière spécifique de traitement de ces déchets n’était pour l’heure envisagée, indiquant que de tels investissements se réfléchissent à long terme contrairement à la crise sanitaire, considérée comme temporaire.