De nombreux compléments alimentaires sont composés d’huiles essentielles d’arbre à thé (tea tree), de niaouli ou de cajeput, issues de différentes espèces de Melaleuca (appartenant à la famille des myrtes). Or, elles ne sont pas sans risque, surtout lorsque les consommateurs en détournent l’usage pour les employer comme traitements d’appoint de certaines infections (angines, sinusites, cystites…). Leurs propriétés antimicrobiennes sont louées dans les ouvrages d’aromathérapie, mais le manque d’harmonisation sur les restrictions d’utilisation au niveau européen ne facilite pas les choses. L’autorisation des huiles essentielles de Melaleuca dans les compléments alimentaires varie en effet selon les pays ; ainsi, elles sont autorisées en Italie mais interdites en Belgique. L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a donc été saisie pour étudier cette question et formuler des recommandations.
L’Agence a identifié plusieurs substances préoccupantes contenues dans ces huiles essentielles. Du terpinèn-4-ol, du méthyleugénol et de l’ascaridole pour l’arbre à thé, du 1,8-cinéole pour le niaouli et le cajeput. Ces substances sont présentes en faible quantité mais représentent malgré tout un risque toxique, voire cancérogène pour le méthyleugénol. L’Anses indique dans son expertise que « le risque sanitaire associé au terpinèn-4-ol et au méthyleugénol dépend des teneurs de ces composés dans les huiles essentielles, du nombre de gouttes consommées, de la taille des gouttes délivrées par les flacons compte-gouttes et du poids corporel du consommateur ». Une mauvaise conservation des huiles essentielles peut également avoir des incidences.
Au regard des résultats de ses expertises, l’Agence formule plusieurs préconisations. En premier lieu, pour les huiles essentielles extraites de Melaleuca et consommées par voie orale, elle recommande aux opérateurs, concernant l’arbre à thé, de déterminer le nombre maximal de gouttes à consommer par jour en prenant en considération différents facteurs : les teneurs en terpinèn-4-ol et en méthyleugénol, la taille des gouttes et le poids corporel du consommateur. Par ailleurs, le consommateur doit être informé de la nécessité d’une conservation au frais et à l’obscurité des huiles essentielles d’arbre à thé. S’agissant du niaouli et du cajeput, l’Anses recommande d’interdire leur consommation par voie orale aux enfants de moins de 30 mois et aux enfants ayant des antécédents d’épilepsie ou de convulsions fébriles, dans l’attente de données toxicologiques plus précises sur le 1,8-cinéole. Et en l’absence de données spécifiques concernant les enfants, les femmes enceintes et allaitantes, l’Anses déconseille la consommation de ces trois huiles essentielles par voie orale.
En second lieu, pour la consommation de compléments alimentaires de manière générale, l’Agence rappelle que « les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments et qu’à ce titre ils ne doivent pas être consommés comme tels ». Elle souligne l’importance d’éviter l’emploi concomitant de plusieurs compléments alimentaires, de demander conseil à un professionnel de santé et de signaler toute prise simultanée de médicaments, en raison du risque d’interaction.