Les aliments ultra-transformés favoriseraient le cancer

L’alimentation n’en finit pas de susciter des inquiétudes. Après le sucre, le sel, les additifs, la viande rouge, le lait infantile, etc., une étude pointe cette fois du doigt les risques liés à la consommation d’aliments ultra-transformés (AUT).

Il s’agit principalement des plats cuisinés, sodas, barres chocolatées, soupes instantanées, pains industriels, etc. L’étude a été réalisée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), en lien avec l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et de l’université Paris-XIII (Centre de recherche épidémiologie et statistique Sorbonne-Paris Cité). Elle a été menée sur près de 105 000 volontaires de 2009 à 2017. Les résultats établissent qu’une augmentation de 10 % de la proportion d’AUT dans le régime alimentaire est associée à une hausse de plus de 10 % des risques de développer un cancer au global et un cancer du sein en particulier. Les chercheurs précisent que ces résultats sont restés significatifs « après prise en compte d’un grand nombre de facteurs sociodémographiques et liés au mode de vie, et également en tenant compte de la qualité nutritionnelle de l’alimentation ».

Parmi les hypothèses soulevées, il y a tout d’abord la moins bonne qualité nutritionnelle de ces aliments, qui contribuent à la prise de poids, au diabète, etc. Mais ce n’est pas la seule raison. L’Inserm met également en évidence la présence d’additifs, voire de substances formées lors des process industriels (notamment la cuisson). Enfin, il y a aussi la problématique de la migration de particules issues des matériaux au contact des aliments (emballage plastique contenant des bisphénols et autres perturbateurs endocriniens).

De son côté, l’ancien professeur de médecine Claude Got, interrogé par le journal Libération, nuance quelque peu ces résultats. Bien qu’il soit engagé depuis plus de 30 ans dans la lutte contre les risques sanitaires et qu’il déclare n’avoir « aucun doute sur la nocivité d’une grande partie des produits chimiques de synthèse que nous ingérons quotidiennement », il appelle à la prudence. « La multiplication des produits chimiques de synthèse nous fait perdre le contrôle de ce qu’on mange » mais il ajoute « l’industrialisation, par le calibrage des procédés, l’augmentation des instances de contrôle, s’est accompagnée d’une amélioration de la sécurité alimentaire ». Par ailleurs, il attire l’attention sur la grande difficulté qu’ont les chercheurs à réaliser ces études. Procéder à des tests avec des groupes témoins non exposés relève de la gageure. Aujourd’hui, les produits chimiques sont omniprésents partout…

L’Inserm reconnait que cette étude est un premier pas : « Ces résultats doivent être considérés comme une première piste d’investigation dans ce domaine et doivent être confirmés dans d’autres populations d’étude ». L’équipe ayant réalisé l’enquête lance d’ailleurs un nouveau programme sur les additifs, « dont l’objectif principal sera d’évaluer les expositions alimentaires usuelles à ces substances et d’étudier leurs effets potentiels sur la santé et la survenue de maladies chroniques ».

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