Les forêts cinéraires sont dédiées à des obsèques plus écologiques. Les cendres du défunt sont contenues dans une urne et inhumées au pied d’un arbre. Cette pratique existe en Allemagne depuis 2001 mais peine à s’étendre en France où la demande est pourtant présente.
Le maire écologiste de la commune de Muttersholtz dans le Bas–Rhin, Patrick Barbier, a annoncé la création d’une forêt cinéraire en 2023, avec l’utilisation d’un site dédié d’une superficie de 2 hectares, où le bois ne sera plus exploité. La centaine de chênes et de hêtres sera donc consacrée uniquement au dépôt d’urnes, avec un numéro d’identification sur les troncs d’arbre et une plaque au sol. Les fleurs d’ornement seront interdites afin de ne pas polluer les lieux. Une clairière d’accueil offrira aux familles la possibilité d’organiser des cérémonies funéraires.
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Forêt cinéraire et réglementation funéraire
Ce projet n’est en réalité pas le premier en France. La commune d’ Arbas en Haute–Garonne a entrepris la création d’une forêt cinéraire en 2019, avec des inhumations commencées en 2020. Des demandes de particuliers ont afflué de toute la France, mais les services de l’État ont suspendu le site. Selon Jean–Philippe Dargent, sous–préfet de Saint–Gaudens, « le projet ne rentre pas dans le cadre de la réglementation funéraire ». Deux raisons à cela : d’une part la facturation de services censés être gratuits (comme la dispersion des cendres qui est autorisée en forêt), d’autre part le recours à des urnes biodégradables, qui ne permettent pas l’exhumation.
Dans une question écrite publiée au Journal Officiel du 22 septembre 2020, le Ministère de l’Intérieur indique en réponse que « l’inhumation d’une urne biodégradable s’apparente juridiquement à une dispersion de cendres ». Or cette démarche « s’oppose à la notion de sépulture ou de lieu mémoriel »,ce qui en conséquence empêche « d’attribuer, notamment moyennant finances, une concession ». La situation est actuellement bloquée et les discussions toujours en cours.
À Muttersholtz, le maire assure avoir « passé le contrôle de légalité auprès de la préfecture ». Pour éviter les écueils rencontrés à Arbas, la forêt cinéraire de la commune bas–rhinoise sera clôturée et les urnes ne seront pas biodégradables, mais en pierre, terre cuite et bois imputrescible. Ainsi, l’inhumation restera réversible au regard de la loi, ce qui n’entraînera pas de problème d’ordre juridique. Côté tarifs, le directeur général des services, Julien Rodrigues, explique qu’ils s’alignent sur ceux du cimetière classique (soit 400 à 800 € pour un habitant de la commune selon la taille de l’arbre, et de 800 à 1 200 € pour les non–locaux), « pour ne créer ni d’effet dissuasif ni d’effet d’aubaine ».
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