Cahier de vacances : Indémodables !

Il se vend chaque année près de 5 millions de cahiers de vacances. Avec la crise sanitaire, les ventes se sont envolées. Mais il existe aujourd’hui des solutions numériques pour apprendre tout en s’amusant.

C’est un incontournable de l’été : le cahier de vacances ! Créé dans les années 1930 pour permettre aux élèves de maintenir ou conforter les apprentissages jusqu’à la rentrée scolaire, il s’est considérablement moderniser aujourd’hui.

Toujours un succès

En raison de la crise sanitaire et du confinement, les ventes de cahiers de vacances ont commencé plus tôt que d’habitude, dès le mois de mai. 90 % des ventes se réalisent sur la période juillet-août et cette année, les éditeurs s’attendent à les doubler. Chacun peut trouver son cahier de vacances, car il en existe pour tous les âges et tous niveaux. Il y a les cahiers généralistes (toutes les matières suivies à l’école), les cahiers thématiques (centrés sur une matière) et ceux que les enfants aiment beaucoup, les cahiers aux couleurs de leurs héros ou émissions préférées. Les parents se montrent particulièrement soucieux vis-à-vis des apprentissages de leurs enfants, en particulier après cette période de rupture. Même si l’école à la maison a permis de maintenir le lien et d’assurer la continuité pédagogique, cela n’a pas toujours été bien vécu, ni par les enfants, ni par les parents (qui parfois, télétravaillaient en parallèle). Il est donc tentant de se tourner vers les cahiers de vacances pour conserver de bonnes habitudes de travail. Mais il est important de toujours prendre en compte les besoins des enfants afin que cela ne devienne pas une contrainte…

Apprendre en s’amusant

Les cahiers de vacances se veulent avant tout ludiques. L’idée étant de réviser les acquis du programme de l’année scolaire écoulée par des exercices ou mini-jeux. Mais ce support ne fait pas l’unanimité, même auprès des enseignants et autres professionnels de l’éducation. Philippe Meirieu, chercheur en pédagogie spécialiste de l’éducation, a déclaré sur Europe 1 : « Il faut que nos enfants prennent des vacances, au moins dans un premier temps », rappelant que ces dernières semaines ont aussi été très stressantes pour eux. Il se montre par ailleurs sceptique sur l’utilité de ces cahiers : « Les statistiques nous montrent qu’énormément de cahiers de devoirs de vacances sont achetés, mais qu’extrêmement peu sont terminés », estimant par ailleurs qu’il est « souvent un moyen de se donner bonne conscience » pour les parents.
Plusieurs enseignants interrogés sur le site www.vousnousils.fr (e-mag de l’éducation) sont également sur la réserve. S’ils reconnaissent la volonté des parents de bien faire, ils préconisent de toujours faire de ses moments des instants de partages positifs. Ils insistent cependant sur les différents types d’apprentissage qui peuvent se faire en vacances. L’important étant de stimuler leur curiosité : jeux de société, jeux de cartes, cuisine, randonnée (offrant l’occasion de lire une carte ou encore de découvrir la faune et la flore du secteur), lecture, sport, musique… il existe beaucoup de situations dans lesquelles les enfants apprennent… autrement. Et puis, l’une des enseignantes sur ce site rappelle à juste titre que « que le cerveau se construit aussi lorsque l’enfant dort, rêve ou ne fait rien ». Ces professeurs sont cependant d’accord sur le fait que les cahiers de vacances peuvent être un moyen de se remettre dans le bain à la fin de l’été. Olivier, directeur d’école primaire dans l’académie de Nancy-Metz, conseille aux parents « de remettre les enfants en condition de travail une dizaine de jour avant la rentrée, en proposant de refaire des activités du dernier cahier du jour, par exemple ».

Version numérique !

L’école à la maison a stimulé l’intérêt des petits et des grands pour les outils pédagogiques en version numérique. La version interactive des cahiers de vacances apporte un côté plus ludique que sa version papier, bien qu’elle puisse être complémentaire. Il s’agit le plus souvent d’applications pour smartphones et tablettes, proposées par les éditeurs de ces cahiers d’activités. Mais il existe d’autres applications telles que Plume (pour développer le plaisir d’écrire chez les enfants), iTooch Primaire (jeu de soutien scolaire, avec des sessions de 5 à 10 minutes, qui couvre les programmes scolaires du CP au CM2 en mathématiques et en français), Duolingo pour l’apprentissage des langues étrangères dès la primaire (Babbel est une application plus connue, mais davantage adaptée dès le niveau collège). Dans ce contexte de crise sanitaire, les professionnels de l’éducation et du monde médico-social ont imaginé une application, Ben le koala, pour apprendre les gestes barrières aux enfants de 2 à 6 ans. La plupart des applications sont payantes, mais offrent la possibilité de tester gratuitement leur contenu.

L’école en vacances ?

Le gouvernement a mis en place au début des vacances scolaires, le dispositif « vacances apprenantes ». L’objectif est de lutter contre le décrochage scolaire accentué avec la crise du coronavirus. Le ministère de l’Éducation espère toucher un million d’élèves, tous niveaux confondus. Plusieurs volets ont été mis en place, comme les « colos apprenantes ». Les colonies de vacances répondant au cahier des charges peuvent être labélisées et bénéficier d’une aide l’État.
Certaines écoles restent également ouvertes pour assurer, d’une part, du renforcement scolaire et d’autre part des activités culturelles, sportives et/ou écologiques.
Ce dispositif a toutefois été décidé et aménagé dans l’urgence et les professionnels de l’éducation ainsi que les parents sont mitigés. Radouane M’Handi, directrice d’un collège en Seine Saint-Denis a déclaré à France Info : « Aujourd’hui, les enfants ont besoin de s’aérer l’esprit, pas de faire des mathématiques et de la physique. Ils auront tout le temps de le faire après ».

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