Depuis le 1er juillet 2022, il n’est plus possible d’installer une chaudière neuve utilisant du fioul traditionnel. Les Français en sont de moins en moins dotés, les pouvoirs publics ayant mis en œuvre des aides incitatives pour choisir des alternatives moins polluantes. Néanmoins, ceux déjà équipés peuvent continuer à les utiliser, à les faire entretenir et réparer (sous réserve que les pièces nécessaires soient disponibles).
Un nouveau combustible est arrivé sur le marché, le fioul F30, composé à 70 % de fioul et 30 % d’esters méthyliques d’acides gras (Emag) de colza. Il peut être utilisé dans les chaudières neuves compatibles mais aussi dans les chaudières existantes, à condition de changer le brûleur. En effet, Frédéric Plan, délégué général de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C), explique dans le numéro 584 de « 60 millions de consommateurs » que « l’Emag a une corrosivité que n’a pas le fioul traditionnel », ce qui nécessite des joints de brûleur plus résistants.
F30 : une solution avantageuse pour le consommateur ?
Selon la FF3C, le recours au nouveau combustible engendre un surcoût de 200 € hors taxes pour une chaudière neuve compatible, de 800 à 1 000 € pour le changement du brûleur sur les chaudières existantes. Dans ce cas de figure, le nettoyage de la cuve peut s’avérer nécessaire s’il n’a pas été réalisé depuis une quinzaine d’années. Autrement, la FF3C indique que le F30 peut être mélangé avec un reste de fioul traditionnel.
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Ce combustible est destiné à réduire les émissions de gaz à effet de serre par rapport au fioul traditionnel. Selon le ministère de la Transition écologique, « le F30 se placera à environ 270 g de CO2 eq./KWh PCI ». Ses émissions sont donc en dessous du seuil de 300 g fixé par la réglementation et bien inférieures à celles du fioul traditionnel de l’ordre de 329 g. Mais le F30 demeure une source d’énergie polluante.
Par ailleurs, selon « 60 millions de consommateurs », le F30 ne représente pas une solution économique pour le consommateur. Le fioul est une source d’énergie chère, dont le prix a subi une hausse de 60 % au premier semestre 2022. Difficile aujourd’hui de connaître le prix au litre du biofioul. Selon des estimations publiées en septembre 2021, il serait 15 % plus cher que le fioul traditionnel. Les alternatives au gaz ou au bois sont clairement plus avantageuses sur le plan financier, malgré les hausses de prix des dernières semaines.
Nouveau fioul : des dérogations sont possibles
Loin d’être idéal, ce nouveau combustible reste une solution pour les foyers qui ne sont pas en mesure de changer facilement leur source d’énergie, tout en se conformant au seuil de 300 g de CO2 imposé par le décret du 5 janvier 2022. Ce dernier prévoit toutefois des dérogations, permettant l’installation d’équipements neufs qui ne respectent pas ce seuil. C’est le cas quand il y a impossibilité technique ou réglementaire de remplacement. C’est le cas également quand ni réseau de chaleur ni réseau de gaz naturel ne sont présents et qu’aucun équipement compatible avec le seuil ne peut être installé sans travaux de renforcement du réseau de distribution publique d’électricité.
À retenir :
- Depuis le 1er juillet 2022, l’installation de chaudière neuve au fioul traditionnel est interdite ;
- Le fioul F30 est un nouveau combustible composé à 30 % de colza ;
- Il peut être utilisé dans les chaudières neuves compatibles ou les chaudières existantes à condition de remplacer le brûleur ;
- Malgré un surcoût de 200 € HT pour les chaudières neuves compatibles, ces dernières restent dans une gamme de prix équivalente aux chaudières fioul traditionnelles ;
- Pour 60 millions de consommateurs, l’intérêt du F30 est limité car plus coûteux et toujours polluant malgré tout.