Covid-19 : la téléconsultation médicale en plein essor

La téléconsultation, qui permet de consulter un médecin à distance par le biais d’un ordinateur ou d’une tablette équipé par caméra, est ouverte à tous et remboursée par l’Assurance maladie dans les même conditions qu’une consultation classique depuis le 15 septembre 2018. Son développement est d’ailleurs l’un des piliers de la stratégie gouvernementale pour lutter contre les déserts médicaux. Le budget 2018 tablait ainsi sur une extension soutenue de la pratique avec 500 000 actes en 2019, un million en 2020 et 1,3 millions en 2021. Néanmoins, avant l’arrivée du Covid-19 dans l’Hexagone, le nombre de téléconsultation peinait à décoller puisque 60 000 actes avaient été facturés au 15 septembre 2019 sur l’ensemble du territoire, selon les chiffres publiés à l’automne dernier par l’Assurance maladie.

Dans un contexte de propagation du coronavirus, les demandes de vidéo-consultation sont désormais en forte augmentation partout en France. Les entreprises du secteur enregistrent des pics d’activité : 40 % de demande supplémentaire au cours des dernières semaines chez Doctolib et MesDocteurs, 50 % pour Medadom et Livi. La pratique est désormais perçue comme un moyen d’éviter la cohue dans les salles d’attente et de limiter les risques de contamination. Les médecins qui la pratiquaient déjà y ont donc davantage recours et le nombre de praticiens qui l’adopte bondit. Pour répondre à cette accélération, les entreprises s’organisent. Doctolib a par exemple choisi d’installer l’outil chez les praticiens et de leur proposer son service de téléconsultation sans le facturer pour les mois de mars et avril. Selon son PDG, Stanislas Niox-Château, cette stratégie est d’abord « un engagement philanthropique ». Mais si ce déploiement coûtera entre 500 000 et un million d’euros à l’entreprise, il lui permettra aussi de proposer 3 500 médecins en téléconsultation sur son site, « soit un peu moins de 10 % des professionnels utilisant son service de prise de rendez-vous » comme l’indique le journal Les Échos.

Sur le plan de la prévention, « la télémédecine est tout à fait adaptée à la période que nous vivons », estime François Lescure, président de l’association Les Entreprises de Télémédecine (LET), qui rassemble plus d’une vingtaine d’acteurs en France. Le gouvernement semble également de cet avis puisque le Ministre de la Santé, Olivier Véran, a signé le 9 mars 2020 un décret qui assouplit les règles d’accès à la téléconsultation. Depuis la libéralisation de cette pratique il y a un peu plus d’un an, le remboursement de la consultation par vidéo était soumis à deux conditions. D’une part, le médecin « téléconsultant » devait connaître le patient, c’est-à-dire qu’il fallait au moins qu’une consultation physique ait eu lieu avec le patient au cours des douze mois précédant la téléconsultation. D’autre part, le parcours de soins devait être respecté, ce qui suppose que ce soit le médecin traitant qui oriente vers le médecin « téléconsultant », s’il ne l’est pas lui-même. Le décret du 9 mars 2020 vient élargir l’accès à la téléconsultation en levant l’obligation de passer par son médecin traitant pour les personnes présentant les symptômes de l’infection ou reconnus atteints du Covid-19.

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À retenir :

  • Accessible et remboursée sous certaines conditions depuis l’automne 2018 en France, la téléconsultation reste encore une pratique balbutiante sur le territoire (60 000 actes remboursés en un an). Toutefois, dans un contexte de propagation du Covid-19, la demande de téléconsultation connaît des records depuis quelques semaines. Celle-ci est d’ailleurs encouragée car elle permet au patient présentant des symptômes de consulter son médecin tout en restant à son domicile et ainsi d’éviter la propagation du virus.
  • Par décret, le Gouvernement a assoupli les dispositions encadrant le recours à cette consultation à distance en vue d’assurer la bonne prise en charge des patients en quatorzaine. Il n’est désormais plus nécessaire de passer d’abord par son médecin traitant pour que cet acte soit remboursé.
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