Le magazine « 60 millions de consommateurs » a testé 12 dentifrices blancheur. Tiennent-ils leurs promesses sans abîmer les dents ?
Au rayon dentifrice, la blancheur est un argument phare pour développer les ventes. Toutes les marques possèdent des versions dites « blancheur » ou « blanchissant » ; certaines ont développé des gammes spécifiques telles que Signal, dont la gamme « White Now » contient huit dentifrices différents ! Côté ingrédients, rien ne les différencie vraiment, si ce n’est la quantité de produit contenue dans le tube. En revanche, ce type de dentifrice tire les prix vers le haut, surtout s’ils comportent la mention « ingrédients naturels ».
Un éclaircissement plutôt qu’un blanchiment
L’allégation même de blanchiment semble trompeuse. Certaines marques vont jusqu’à promettre une teinte de blanc en une semaine, ce qui paraît exagéré. Interrogé par le magazine, le Dr Julien Cardona, secrétaire général adjoint du syndicat Les Chirurgiens-Dentistes de France explique : « Il ne faut pas parler de blanchiment mais d’éclaircissement des dents pour ne pas être trompeur, y compris pour les techniques effectuées en cabinet dentaire ».
En vérité, il n’est pas possible de blanchir les dents, mais juste de rendre l’émail plus lumineux ou encore d’effacer les tâches pigmentaires sur les dents. En outre, le résultat dépend de la couleur naturelle de la dent, qui provient de la dentine (de couleur jaune-orangée), et de la qualité de l’émail, qui est blanc mais plus ou moins translucide selon son épaisseur.
Ainsi, plusieurs facteurs influent sur la couleur des dents : la génétique, la prise de certains médicaments – en particulier au moment de leur formation dans l’enfance – et le vieillissement. « Avec l’âge, l’émail devient plus translucide, la dentine située en dessous se révèle alors davantage. Et il renvoie également moins la lumière, ce qui donne une teinte plus grise », explique le Dr Cardona.
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Dentifrices trop abrasifs
Concernant la dentine, seuls des traitements professionnels peuvent agir. En revanche, il est possible d’influer sur la couleur de l’émail, qui se modifie naturellement au gré de ce que nous ingérons (en particulier le thé, le café, le vin rouge ou encore le tabac), mais aussi en raison de la plaque dentaire qui s’y dépose.
Pour y remédier, des ingrédients abrasifs sont nécessaires et la totalité des dentifrices testés en contiennent. Il s’agit pour les versions bio de silice hydratée, de carbonate de calcium et de poudre de charbon végétal ; les dentifrices conventionnels renferment quant à eux une combinaison d’abrasifs, de détergents, d’antitartre mais aussi de colorants : « les colorants bleus jouant sur les dents le même rôle que les azurants optiques des lessives sur les vêtements blancs », lit-on dans « 60 ».
Problème, pour être efficace sur la blancheur, les agents abrasifs doivent être suffisamment agressifs, au détriment de la protection de l’émail. Selon les tests du magazine, les dentifrices les moins abrasifs sont également les moins efficaces.
Par ailleurs, les ingrédients utilisés ne déterminent pas à eux seuls l’abrasivité qui dépend également de la quantité et de la taille des particules dans la formulation. Le pH du dentifrice est également important à prendre en compte ; il doit être le plus neutre possible. Tous les produits du panel respectent ce point.
Ingrédients problématiques
Enfin, la composition de ces dentifrices laisse souvent à désirer, tant d’un point de vue sanitaire qu’environnemental. Ainsi, des substances polluantes et irritantes ont été décelées, telles que le cocamidopropyl betaine, le sodium lauryl sulfate ou encore le dioxyde de titane (TiO2).
Bien que le dioxyde de titane soit interdit dans l’alimentation, il reste autorisé dans les cosmétiques et les médicaments. Pourtant, dans un avis publié en mai 2023, le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC) considère que « les preuves disponibles ne sont pas suffisantes pour exclure le potentiel génotoxique de pratiquement tous les types de TiO2 utilisés dans les produits cosmétiques oraux ».