Santé Publique France, l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT) et l’Observatoire des jeux (ODJ) ont publié le 30 juin une vaste enquête sur les jeux d’argent. Cette dernière révèle que la France compte 1,37 million de joueurs dits « problématiques » qui s’adonnent plus qu’ils ne devraient au Loto, aux tickets cash, aux paris sportifs en ligne et chez les détaillants, aux courses hippiques ou aux bandits manchots (machine à sous). Ils génèrent à eux seuls près de 40 % du chiffre d’affaires de l’industrie des jeux d’argent. Leur nombre est par ailleurs en augmentation puisqu’il représente 6 % des joueurs aujourd’hui contre 4,6 % en 2014. Autre fait inquiétant, le nombre de joueurs problématiques est en hausse alors que le nombre de joueurs a diminué sur la même période…
Parmi ces joueurs, 1 million sont considérés à risque modéré (ils dépensent plus que ce que leurs moyens ne leur permettent et commencent à ne plus être dans une démarche ludique) et 370 000 sont « excessifs », c’est-à-dire qu’ils ont perdu le contrôle, sont dans le déni et ont besoin d’aide. Par rapport aux autres joueurs, cette clientèle est plus masculine, plus jeune, plus précaire et moins active. Un joueur sur dix âgé entre 18 et 24 ans est à « risque modéré » ou « excessif ». Sur le plan individuel, ce sont davantage les paris sportifs qui conduisent aux excès que les jeux de loterie (la part de joueurs excessifs y est six fois plus élevée). Jean-Pierre Martignoni, sociologue spécialiste des jeux d’argent à l’Université Lyon-II, estime que la hausse du jeu intensif marque « l’échec de la politique du jeu responsable ».
De son côté, la psychologue Armelle Achour, directrice de l’association SOS Joueurs, estime qu’il faut réglementer la publicité, voire l’interdire. « Il n’y a aucune raison que le jeu soit considéré comme moins nocif que l’alcool et le tabac. ». Elle préconise également des campagnes de sensibilisation, notamment auprès des personnes tentées de faire des paris sportifs avec leurs enfants, ce que la spécialiste déconseille fortement. Jean-Michel Costes, de l’Observatoire des jeux, recommande quant à lui de faire de la prévention pour tous jeux confondus, surtout auprès des joueurs à risque modéré afin qu’ils ne deviennent pas « excessifs » car « une fois l’addiction installée, c’est beaucoup plus difficile à traiter », prévient-il.
De son côté, la Française des Jeux rappelle qu’elle propose des services de prévention et ajoute que « plusieurs modérateurs de jeu aident les joueurs à rester vigilants et à contrôler leur comportement de jeu ».