Menace sur l’approvisionnement en pétrole d’ici 2030

La problématique du pic pétrolier (date à laquelle la demande mondiale commencera à décliner) est discutée depuis le début des années 2000. L’avènement de « nouveaux » pétroles, comme le schiste aux États-Unis, a remisé au placard cette question au cours des dernières années. Mais la crise sanitaire ainsi que la baisse d’approvisionnement amorcée font peser un risque sur l’Union européenne (UE) si aucune solution n’est envisagée dans les dix ans à venir.

Le think tank Shift Project a publié une longue étude prévisionnelle dans laquelle elle met en garde contre un probable déclin des capacités de production des pays fournissant aujourd’hui plus de la moitié du pétrole consommé par l’Union européenne (UE). Si les puits de pétrole brut du Moyen-Orient montrent déjà leurs limites, les inquiétudes portent surtout sur la Russie et l’Afrique. En 2018, plus des deux tiers de l’approvisionnement pétrolier de l’UE provenaient de seulement six pays : la Russie (30 %), l’Irak, le Kazakhstan, le Nigéria, l’Arabie saoudite et la Norvège. Or, selon les estimations de l’agence norvégienne Rystad Energy, la production des puits russes, kazakhstanais et nigérians devrait fortement décliner d’ici 2030. Les sources d’approvisionnement actuelles pourraient se contracter jusqu’à 8 % entre 2019 et 2030. Et d’après Shift Project, le risque sur les approvisionnements futurs est aggravé en premier lieu par la volatilité des prix du brut constatée sur la dernière décennie, en second lieu par la forte croissance attendue de la demande de l’Asie et de l’Afrique.
Pour Matthieu Auzanneau, directeur du Shift Project, cela présente un risque de déstabilisation géopolitique dans des pays pétro-dépendants « dont le maintien des capacités des productions est incertain » comme l’Iran, l’Algérie ou encore la Russie. Le Think Tank conclut que le pic pétrolier est, au même titre que le changement climatique, une raison de sortir d’urgence du pétrole. La transition énergétique devient plus que jamais une priorité qui « doit avoir lieu de gré, pour échapper à un monde en surchauffe ; sinon elle se produira de force, (…) en raison des contraintes d’accès aux sources de ces mêmes énergies ».

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