L’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde. La surconsommation de textile de moindre qualité a un impact écologique et social considérable. Quelles sont les solutions pour le consommateur ?
Qui n’a jamais été en possession de vêtements abîmés, déchirés ou délavés après quelques utilisations seulement ? Dans le domaine du textile, l’obsolescence vestimentaire se développe au détriment de la qualité. La Fast-fashion, qui a pour caractéristique de renouveler les collections et les vêtements en vente, à vitesse “grand V“, a des conséquences écologiques et sociales considérables.
En effet, la technique commerciale déployée par la Fast-Fashion consiste à adapter en très peu de temps la collection aux demandes du consommateur afin de vendre toujours plus, au détriment de la qualité. Les marques Zara et H&M, par exemple, changent leur arrivage toutes les deux semaines au lieu de toutes les saisons. Selon le dossier de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), intitulé “Le revers de mon look“, l’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde. Elle représente 2 % des émissions de gaz à effet de serre. “C’est plus que les vols internationaux et le trafic maritime réunis“ s’alarme l’Ademe.
La production mondiale de vêtements a doublé de 2000 à 2014, ce qui provoque des dégâts importants sur l’environnement. 600 000 tonnes de vêtements sont mises en vente chaque année en France. Pourtant, selon un sondage BVA de 2010, 114 € de vêtements dorment dans nos armoires (en moyenne). S’ils ne sont pas conservés, les vêtements partent à la poubelle sans pouvoir être recyclés pour 80 % d’entre eux.
La fast-fashion, une mode toxique ?
De plus, les industriels utilisent de nombreux produits toxiques pour teinter les vêtements. Ces produits sont non seulement dangereux pour les ouvriers qui s’en servent mais également pour les personnes qui les portent, ainsi que pour l’environnement. En effet, lors du lavage, les produits déversés dans les nappes phréatiques bouleversent les écosystèmes. Ils seraient à l’origine de 20 % de la pollution des eaux dans le monde. Cependant, l’Institut français de la mode (IFM) souligne un recul de la consommation de textile et d’habillement de 2,9 %, fin 2018.
La consommation effrénée de textile s’essoufflerait-elle ? C’est en tout cas ce que pense le directeur de l’Observatoire économique de l’ IFM, Gildas Minvielle, qui parle même d’une période de “déconsommation“. Même si la baisse du pouvoir d’achat des Français explique en partie cette diminution de la consommation chez 60 % des Français, en revanche, c’est une prise de conscience écologique et éthique qui guide 40 % d’entre eux.
Quelles alternatives ?
Heureusement, les consommateurs ont le pouvoir de faire bouger les lignes ! Des alternatives slow-fashion permettent d’inverser la tendance. On assiste d’ailleurs à un véritable regain d’activité des friperies qui proposent du textile de seconde main. Il est ainsi possible d’acheter des vêtements de qualité et parfois vintage en limitant l’impact environnemental et social, tout en payant moins cher et en dégotant des pièces uniques. EBS Le Relais Est, par exemple, récupère le textile usager et propose à la vente des vêtements de seconde main. En Alsace, la boutique Le Léopard à Strasbourg, Ding Fring Est, à Wittenheim et Label Fripe, à Vendenheim vendent des vêtements chics, à petits prix, issus de textiles récupérés. L’association Emmaüs Défi réalise également du surcyclage ou upcycling (en anglais) et récupère des textiles inutilisés pour en faire des vêtements neufs.
Aujourd’hui, moins de 1 % des tissus de nos vêtements sont recyclés alors que c’est une des solutions les moins polluantes et les plus durables pour se vêtir. Autre alternative possible, choisir des matières plus nobles comme le lin, le chanvre, la laine ou encore le coton biologique. Certaines grandes marques classiques font des efforts sur une partie de leur collection comme “Go for Good“ des Galeries Lafayette.