surtourisme

Le fléau du surtourisme

Le surtourisme, également appelé tourisme de masse, est un phénomène qui a pris de l’ampleur ces dernières années dans certaines villes ou certains sites. Il ne s’agit pas de pics de fréquentation mais bien d’une croissance excessive de visiteurs qui impacte considérablement les lieux visités et les populations locales : nuisances, pression sur les services de santé, gestion des déchets, logements, dégradation de la biodiversité et des ressources naturelles…

Des lieux parfois inadaptés au surtourisme

D’après l’Organisation mondiale du tourisme, 95 % des touristes mondiaux visiteraient moins de 5 % des terres émergées. À l’échelle de la France, c’est 80 % de l’activité touristique qui se concentre sur 20 % du territoire.

Les zones concernées subissent alors une forte concentration de visiteurs, ce qui engendre des conséquences parfois catastrophiques. Par exemple, la mise en location de courte durée de type Airbnb entraîne une baisse de logements disponibles ainsi qu’une augmentation des loyers pour les populations locales.

D’après un classement Forbes publié en octobre 2023, les villes les plus visitées en Europe l’été sont Venise, Rome, Prague, Lisbonne, Dubrovnik, Amsterdam et Barcelone. La Grèce, la Croatie et l’Albanie sont les pays qui attirent le plus de touristes pendant la période estivale.

Parfois, des villages sont également pris d’assaut par les touristes, bouleversant le quotidien des habitants. C’est le cas à Hallstatt, en Autriche, un petit village d’à peine 750 habitants qui a inspiré le décor du dessin animé « La reine des neiges » et qui accueille jusqu’à 1,4 million de touristes chaque année ! Or, les lieux qui ne sont pas adaptés pour absorber un grand nombre de voyageurs et qui manquent d’infrastructures voient leur patrimoine culturel mis en danger.

Industrialisation du tourisme

En outre, de nombreux pays à l’économie fragile et dont la population, exposée à la pauvreté, est devenue dépendante du tourisme, pâtissent des effets néfastes du tourisme de masse. L’industrialisation du tourisme ne profite pas toujours aux populations locales, notamment lorsque la prestation touristique est gérée par des opérateurs étrangers de façon verticale (les retombées économiques sont alors limitées pour les pays émergents concernés).

Dans son livre « Les incidences du tourisme sur le développement« , l’auteur, Sébastien Condès, évoque aussi un risque de « folklorisation » des populations locales : la recherche d’authenticité de la part de la clientèle peut entraîner ce phénomène, déjà identifié dans des pays comme la Thaïlande.

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Le surtourisme nuisible pour l’environnement

Outre les menaces qui pèsent sur le patrimoine et la qualité de vie des habitants, le tourisme de masse est également très polluant. En France, selon l’Ademe (Agence de la transition écologique), le tourisme était responsable de 11 % des émissions de gaz à effet de serre en 2021.

Parmi les pressions néfastes sur l’environnement, le surtourisme est responsable d’une surconsommation des ressources naturelles, de la profusion de déchets, de la pollution des eaux et des sols qui nuit à la biodiversité, de la destruction des écosystèmes (déforestation et bétonisation pour construire des complexes hôteliers par exemple) et de la pollution de l’air qui contribue au changement climatique.

Des mesures partout dans le monde

Des mesures drastiques commencent à être instaurées pour freiner le surtourisme. La ville de Venise a établi une taxe : l’entrée dans la ville est désormais conditionnée à un ticket d’entrée de 5 € pour les visiteurs qui ne passent pas la nuit sur place. Il s’agit de la première mesure de ce type au monde, motivée par le fait que 70 % des 30 millions de visiteurs annuels à Venise n’y restent qu’une seule journée (la taxe est en place qu’à certaines périodes de l’année bien définies). Au Japon, l’accès au mont Fuji est désormais payant pour les randonneurs depuis le 1er juillet 2024 et le nombre de touristes est limité à 4 000 par jour. En France, l’accès au Mont Blanc est aussi restreint en fonction du nombre de places disponibles dans les refuges.

D’autres lieux appliquent ces systèmes de quota pour endiguer l’afflux de visiteurs, à l’image de l’île de Porquerolles (Var) ou de l’île de Bréhat (Côtes-d’Armor). Des mesures qui contribuent à préserver la population mais également les lieux, victimes d’érosion et de dégradation.