Le retour des trains de nuit transfrontaliers

Les compagnies ferroviaires française (SNCF), allemande (Deutsche Bahn-DB), autrichienne (ÖBB) et suisse (CFF) ont décidé de s’unir pour relancer les trains de nuit transfrontaliers sur le réseau ferroviaire européen dès 2021. Les liaisons longues distances Paris-Vienne et Zurich-Amsterdam seront les premières opérationnelles. Viendront ensuite d’autres liaisons, telles que Paris-Berlin en 2023 ou encore Zurich-Barcelone pour 2024. Ces quatre lignes constituent l’offre de trains de nuit « Nightjet ».

La renaissance du train de nuit se présente comme une alternative aux avions low-cost, plus polluants. C’est aussi une réponse à une demande croissante de consommateurs qui souhaitent voyager autrement, notamment les jeunes. Elle entre également en résonnance avec les nouveaux objectifs climatiques de l’Union européenne, qui visent une baisse de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Jean-Baptiste Djebarri, ministre délégué auprès de la ministre de la Transition écologique, chargé des transports, estime à ce titre : « Nous partageons tous, ici, la conviction que les trains de nuit ont un réel avenir en Europe. Ils offrent une alternative écologique et durable et permettent de susciter l’intérêt des citoyens pour le train ».
Ces nouvelles lignes vont toutefois nécessiter l’harmonisation de toutes les techniques entre les pays européens. Ce sont au total près de treize grandes villes européennes qui devraient ainsi être reliées dans les années à venir.

De leurs côtés, les acteurs privés du rail fulminent. Bien qu’ils louent l’initiative, ils considèrent avoir été mis à l’écart alors qu’ils estiment avoir pris le relais lorsque les compagnies historiques ont abandonné les liaisons nocturnes internationales. En effet, depuis 2016, il n’y a plus de dessertes transeuropéennes car jugées « inéluctablement déficitaires » par la SNCF et la DB. Les compagnies privées, quant à elles, ont d’ores et déjà relancé des lignes avec succès. Thomas Charrier, le responsable des affaires publiques de Snälltaget (filiale du français Transdev, propriété de la Caisse des dépôts), se félicite auprès du journal Le Monde : « Sans subvention, et bien que nos tarifs soient accessibles – 45 euros pour un Malmö-Berlin en couchette –, nous sommes parvenus à la rentabilité en 2018 et 2019 ». Par ailleurs, d’autres compagnies privées européennes ont mis en place des liaisons nocturnes, telles que le tchèque RegioJet qui connecte par trains couchettes cinq pays d’Europe de l’Est (la République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Slovénie, la Croatie) et qui projette de s’étendre à la Pologne et à l’Ukraine. De même, la ligne privée Alpine-Sylt Night Express relie le nord de l’Allemagne avec les stations de ski autrichiennes.

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