Si les buralistes restent des marchands de tabac, leurs activités se diversifient depuis quelques années. Mais au-delà de leurs offres de jeux, presse, bar voire brasserie, d’autres activités sont testées au sein de ces établissements, avec pour objectif de devenir de véritables commerçants de proximité.
La crise sanitaire a quelque peu relancé la vente de tabac, mais la tendance reste à la baisse. Les buralistes doivent se réinventer et proposer de nouveaux services pour maintenir leur commerce. Le souhait formulé au journal Les Echos par Philippe Coy, président de la Confédération nationale des buralistes, est de devenir des commerçants de proximité. Les élus de la profession ont d’ailleurs adopté la nouvelle signature du réseau « commerçant d’utilité locale ».
La vape supplante la cigarette ?
N’est-ce pas étrange qu’un bureau de tabac soit partenaire de l’opération « mois sans tabac » (qui se tient en novembre chaque année depuis 2016) ? C’est pourtant ce que Philippe Coy a suggéré à ses membres. C’est ainsi qu’est née l’opération du « mois de la vape » en 2018, dans les 24 000 bureaux de tabac du territoire. La Confédération souhaitant « ouvrir un dialogue dépassionné́ sur la place et le cadre du vapotage ». Pour inciter les buralistes à prendre le virage de la vape, la Confédération des buralistes est allée jusqu’à créer une chaine Youtube pour familiariser ses adhérents avec ce produit, plus technique. C’est aussi pour les buralistes une opportunité de se positionner sur ce marché. Une stratégie payante puisque désormais, le réseau détient 23 % de parts de marché (contre 15 % il y a trois ans) avec un volume d’affaires de 220 millions d’euros.
Paiement des impôts chez les buralistes
En juillet 2019, la Confédération en consortium avec la Française des jeux (FDJ) a remporté un appel d’offres lancé par la DGFIP (direction générale des Finances publiques au ministère de l’Economie) pour développer un service d’encaissement pour le compte de tiers, en l’occurence ici pour l’encaissement des impôts, le recouvrement des amendes, ainsi que les factures de services publics (crèche, cantine, hôpitaux…). En clair, les particuliers ont désormais la possibilité de régler ces services auprès d’un buraliste partenaire de la FDJ, qui prélève une commission au passage. Une mesure qui était en test dans 5 000 points de vente et qui est maintenant déployée dans plus de 9 000. Au deuxième semestre 2020, 360.000 encaissements ont été enregistrés, selon Philippe Coy.
Services de conciergerie
Peut-être pourrez-vous bientôt récupérer votre panier de fruits et légumes du producteur du coin dans votre bureau de tabac. Acheter des produits de snacking ou encore des équipements de domotique, (comme des caméras de protection des biens ou de surveillance des personnes âgées isolées). Ce sont en effet les pistes sur lesquelles travaillent certains bureaux de tabac afin d’être plus en phase avec les besoins des consommateurs. En Haute-Garonne et dans le Cher, des buralistes sont en lien avec les fédérations départementales de la FNSEA, le principal syndicat agricole, pour proposer un service de retrait de paniers de producteurs. Concernant le snacking, c’est le groupe Sodebo qui s’est positionné dans une trentaine de bureaux de tabac.
Mais pour Serge Papin, ancien président de Système U et consultant auprès de la Confédération des buralistes qui s’est exprimé auprès des Echos, l’objectif à terme serait de transformer le syndicat en groupement et de créer une marque pour fédérer le réseau, au-delà de la célèbre carotte rouge apposée sur toutes les devantures actuellement.
Les buralistes en chiffres
La confédération des buralistes présente son réseau comme le premier commerce de proximité, avec 24 000 points de vente ouverts 12 heures par jour, 6 jours sur 7. Chaque jour, 10 millions de clients poussent leurs portes. Et si la vente de tabac représente toujours 70 à 80 % du chiffre d’affaires de ces établissements, 42 % des clients ne sont pas consommateurs de cigarettes. En plus de la presse, des jeux et du développement de nouveaux services, un quart des buralistes proposent l’ouverture de Nickel, (ex-compte Nickel), la néobanque lancée en 2014 et aujourd’hui détenue par BNP Paribas. D’après Marie Degrand-Guillaud, directrice déléguée de l’entreprise, 1,9 millions de comptes ont été ouverts depuis sa création.