Décriée depuis plusieurs années, l’huile de palme est responsable de nombreux dégâts à la fois environnementaux, économiques et de santé publique. L’agriculture industrielle est responsable de 73 % de la déforestation mondiale, devant l’exploitation du bois (qu’elle soit légale ou non). Des espèces animales sont gravement menacées (à titre d’exemple, la population des orangs-outans a chuté de plus de 90 % en un siècle sur l’île de Sumatra où la culture des palmiers à huile s’est propagée) et les conditions de travail désastreuses dans les palmeraies industrielles (travail des enfants, travail forcé, etc.) ont déjà été dénoncées dans un rapport d’Amnesty international.
Pourtant, l’Europe est le deuxième plus gros importateur d’huile de palme avec environ 7 millions de tonnes par an. Quasi inutilisée il y a 30 ans, on retrouve de l’huile de palme aujourd’hui dans presque tous les produits manufacturés : biscuits, chips, pâtes à tartiner, cosmétiques, agrodiesels, détergents, etc.
L’Union européenne a reconnu en 2008 tenir un rôle dans la déforestation provoquée par l’expansion de la monoculture de palmiers à huile, promettant un futur plan pour y remédier. Mais rien n’a été fait et c’est pourquoi la commission Environnement du Parlement européen s’est saisie du dossier en adoptant le 9 mars, à une écrasante majorité (56 pour, 1 contre), un rapport comportant de nouvelles mesures pour favoriser une production plus durable de cette huile. Parmi les résolutions votées, l’arrêt progressif d’ici à 2020 de son utilisation dans les biocarburants, ainsi que des autres huiles végétales responsables de la déforestation. Mais est également prévue la mise en place d’un plan d’action sur la durabilité de l’huile de palme, le développement de critères de certification de la durabilité plus ambitieux ainsi qu’un renforcement des exigences et des contrôles.
Si l’on peut se réjouir de cette prise de position, le plus difficile reste à venir. L’association France Nature Environnement craint le fort poids des lobbys qui risquent de combattre toute mesure susceptible de restreindre leur marge de manoeuvre sur un marché si lucratif. Par ailleurs, l’association rappelle qu’il n’y a pas encore de label garantissant une huile de palme « durable » (bien qu’une certification unique soit à l’étude dans le rapport du Parlement). Le label RPSO (en français : « Table-Ronde pour une huile de palme durable ») est un dispositif mis en place par des industriels de l’agroalimentaire, des producteurs d’huile de palme et certaines ONG (organisation non gouvernementale) en 2004 pour promouvoir une « huile de palme durable ». Mais ce dernier reste très opaque et insuffisamment contrôlé et il n’interdit pas la déforestation ni l’utilisation de techniques de culture polluantes…
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Plus d’informations : C’est quoi le problème avec l’huile de palme ? (France nature Environnement)