Médecins généralistes : les inégalités territoriales se creusent

Le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) a publié mardi 4 décembre son Atlas de la démographie médicale. Il fait état d’une nouvelle baisse généralisée du nombre de praticiens en France et d’un écart qui se creuse entre les territoires dans l’accès aux soins.

Si à première vue, le nombre de médecins semblent avoir augmenté (296 755 médecins inscrits au tableau de l’Ordre au 1er janvier 2018, soit 1,9 % de mieux qu’en 2017), ces chiffres sont en « trompe l’œil ». Cette hausse s’explique par l’augmentation du nombre de praticiens retraités. Si l’on exclut les retraités et les remplaçants, le nombre de médecins en activité régulière diminue en réalité de 0,1 %, après avoir baissé de 10 % depuis 2010.

Les généralistes sont les plus touchés, avec un recul de 0,4 % sur un an et de 7 % depuis 2010. En revanche, les effectifs continuent de progresser chez les spécialistes (+ 0,4 %, soit 85 647) et les chirurgiens (+ 0,8%, soit 24 632). Selon le Cnom, la situation ne devrait pas s’améliorer puisque la France devrait continuer à perdre des généralistes d’ici 2025. Avec 24 % d’omnipraticiens âgés de plus de 60 ans et seulement 21 % en dessous de 40 ans, « le renouvellement générationnel n’est pas assuré », déplore Patrick Bouet, le président de l’Ordre.

Par ailleurs, l’offre de soin continue de se détériorer sur certains territoires. Des baisses de densité « plus fortes dans les départements déjà affectés » par la désertification médicale d’après l’Atlas. À titre de comparaison, Paris compte 687,1 médecins pour 100 000 habitants tandis qu’ils sont 154,3 pour 100 000 habitants dans l’Eure. D’une manière générale, le Cnom fait le constat d’une France coupée en deux : d’une part, le littoral Atlantique, le Sud-Est et la plupart des départements disposant d’un CHU, d’autre part, la fameuse « diagonale du vide » qui s’étend du Sud-Ouest au Nord-Est. Ces territoires désertés font davantage appel à des médecins étrangers, qui représentent 16 % des nouveaux inscrits. « Cela tend à démontrer l’absence d’effets des mesures incitatives mises en œuvre jusqu’ici, et confirme l’urgence d’une réforme portant un véritable changement de paradigme », note l’Ordre.

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