Le magazine « 60 millions de consommateurs », en partenariat avec l’Agence de la transition écologique (Ademe), a enquêté sur la composition des peintures d’intérieur, c’est–à–dire à destination des murs ou de meubles. Les journalistes ont analysé 14 peintures blanches acryliques (dites à l’eau) : sept satinées et sept mates. Certaines affichent des qualificatifs tels que « biosourcée » ou « dépolluante ». Cela laisse penser qu’elles ne sont pas néfastes pour la santé, ce qui n’est pas vraiment le cas.
Peintures biosourcées ou dépolluantes : quelles différences ?
Les peintures biosourcées représentent 5 % du marché actuel. Elles sont fabriquées généralement à partir de matières premières d’origine végétale. L’idée est de limiter l’apport en produits pétrochimiques. Toutefois, les étiquettes ne sont pas suffisamment précises. En général, seule la résine des peintures est produite à partir de végétaux (algues, huiles transformées, amidon). Ces peintures sont donc rarement 100 % bio.
Le magazine révèle par ailleurs « qu’aucun seuil minimum de carbone végétal n’est fixé pour s’autoproclamer biosourcé ». Résultat, certaines marques se targuent d’utiliser des végétaux dans leur chaîne de production alors que le produit final n’en contient presque plus.
La mention « dépolluante » implique en théorie que les peintures permettent de dépolluer l’air intérieur en détruisant certains composés organiques volatils (COV). Pour autant, elles ne sont pas toujours écologiques. Leur composition en carbone biosourcé est de seulement 1 %. De plus, elles peuvent émettre des polluants dans le processus de dépollution…
Réglementation sur les composants
Autre problème : les étiquettes ne mentionnent que la teneur en COV contenue dans les pots et non la quantité émise dans l’air intérieur, pour laquelle la réglementation est plus souple. Pourtant, les COV émis par les peintures une fois appliquées sont potentiellement toxiques pour l’organisme. Ils seraient responsables d’affections respiratoires, de troubles cardiaques et auraient des effets cancérogènes. Le seuil définit par la réglementation permet au pot d’afficher un A+ quand le niveau de COV totaux est inférieur à 1 000 μg/m3 après 28 jours de séchage. Or ce seuil ne garantit pas l’absence d’effets sur la santé. Les peintures écolabellisées émettent aussi trop de COV. Le magazine en conclut que « le fait de posséder de la biomasse végétale ne diminue pas les émanations toxiques après la pose ».
D’autres composants problématiques ont été identifiés. Il s’agit de conservateurs, pour lutter tels des biocides contre les bactéries et champignons, et du dioxyde de titane. Ce dernier s’utilise principalement comme pigment dans les peintures blanches. Présent dans tous les échantillons du test, sa teneur est en moyenne 30 % plus élevée dans les peintures satinées que dans les mates.
Une fois encore, le magazine constate qu’il n’existe pas de corrélation entre produit biosourcé et labellisé. Les peintures « vertes » contiennent autant de dioxyde de titane que les autres.