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PFAS : l’Anses confirme la présence de TFA dans l’eau

Une vaste étude de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) confirme une pollution généralisée au TFA – acide trifluoroacétique -, le plus petit des PFAS (polluants éternels), dont la présence a été décelée dans 92 % des échantillons analysés.

À compter du 12 janvier 2026, une directive européenne impose la surveillance de 20 PFAS dans l’eau du robinet, en plus des autres contaminants déjà contrôlés dans l’eau (bactéries et nitrates par exemple). En vue d’anticiper les futurs dépassements de limites réglementaires, l’Anses a mené une enquête, dressant un état des lieux de la contamination à ces polluants éternels des eaux brutes et de celles distribuées jusqu’à nos robinets.

L’Anses a mesuré les concentrations de 35 PFAS

Cette vaste campagne d’analyses a été pilotée par le laboratoire d’hydrologie de l’Anses, situé à Nancy, entre 2023 et 2025. Elle a porté sur 647 échantillons d’eaux brutes – cours d’eau, nappes phréatiques… ‒ et sur 627 échantillons d’eaux distribuées au robinet provenant de points de captage.

Pour chaque échantillon, l’Anses a cherché à mesurer les concentrations de 35 PFAS, dont les 20 PFAS qui seront recherchés systématiquement lors des contrôles sanitaires des eaux du robinet à partir de l’année prochaine. Parmi ces PFAS, l’Anses a intégré l’acide trifluoroacétique, plus connu sous son acronyme TFA. Ce dernier fait partie des catégories de PFAS à chaîne ultracourte, parmi les plus petits et les plus fréquents, très difficile à éliminer une fois disséminé dans l’environnement.

Toute la France contaminée ?

Les résultats de cette étude confirment ceux obtenus par l’ONG Générations futures début 2025 : l’omniprésence du TFA, repéré dans 92 % des échantillons analysés, avec une concentration moyenne de 1,15 µg/l et une concentration maximale de 25 µg/l.

Dans chaque département, les chercheurs ont choisi le plus gros point de débit d’eau potable, un autre tiré au sort et des points dits « d’intérêt », où l’on peut anticiper une éventuelle présence de PFAS, en raison de la présence d’une usine à proximité par exemple. Au total, « les échantillons prélevés représentent l’alimentation [en eau] d’au moins 20 % de la population française », indique l’Anses.

La cause de cette pollution est multifactorielle : dépositions atmosphériques liées aux émissions de gaz fluorés réfrigérants, rejets industriels de sites fabricant et utilisant cette molécule ou encore dégradation de pesticides utilisés en agriculture.

Outre le TFA, cette campagne de l’Anses révèle aussi la présence significative de TFMSA (acide trifluorométhanesulfonique) dans les eaux distribuées. Il est quantifié dans 13 % des 627 échantillons à une concentration médiane de 0,28 ng/l. Au maximum, sa concentration s’est élevée à 4,9 µg/l. Seul le TFA fait pire.
Si les connaissances sur le TFA sont encore lacunaires, il est soupçonné d’être toxique pour le foie et l’Allemagne a proposé de le classer comme toxique pour la reproduction.

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Des valeurs de référence jugées peu protectrices

Néanmoins, l’Anses se veut plutôt rassurante car même si l’étude confirme la forte présence de TFA, « dans aucun échantillon la concentration ne dépasse la valeur sanitaire indicative provisoire qu’a choisi la France pour ce PFAS », insiste l’agence. Cependant, pour les ONG et associations environnementales, les valeurs indicatives retenues (60 µg/l) sont jugées trop peu protectrices. D’autres pays ont défini des valeurs bien plus basses, comme les Pays Bas qui ont placé le curseur à 2,2 µg/l.

L’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) doit fixer d’ici mi-2026 une valeur de référence (VTR) concernant le TFA, c’est-à-dire une dose journalière tolérable, toutes sources d’exposition confondues. Par la suite, une limite de qualité dans les eaux distribuées sera déclinée.

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