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Précarité alimentaire et superprofits des géants de l’agroalimentaire

La France connait depuis plusieurs mois une inflation d’une ampleur inédite. Selon le cabinet d’études Circana (anciennement Iri), l’inflation alimentaire atteignait au mois de mars 2023 un pic à + 16,3 % par rapport à mars 2022. Les prévisions tablent sur une prolongation des hausses jusqu’à l’été.

L’inflation impacte les habitudes alimentaires

Cette inflation alimentaire accroit la précarité des ménages, déjà fragilisés par les augmentations successives des dépenses liées notamment à l’énergie et au transport. Ainsi, un sondage Ifop mené auprès de 1 000 personnes, commandé par la Tablée des chefs et dédié à la précarité alimentaire, révèle que 79 % des répondants ont réduit leurs achats alimentaires. Cela se traduit concrètement par une diminution des portions, voire la suppression d’un repas dans la journée le petit déjeuner ou le dîner le plus souvent. « Si nous constatons depuis un certain temps un arbitrage entre besoins essentiels et loisirs, il apparait aujourd’hui que les populations modestes aient désormais à faire des concessions sur leurs habitudes alimentaires », note l’institut.

Le point de vue du secteur de l’agroalimentaire

Si l’inflation alimentaire s’explique en partie par la hausse des prix de l’énergie, du transport et des intrants agricoles, il s’avère que les géants de l’agroalimentaire augmenteraient leurs marges et réaliseraient de superprofits. A tel point que le ministre de l’économie, Bruno Le Maire a adressé un courrier aux industriels de l’alimentation, leur demandant de répercuter la baisse à venir du prix des matières premières sur les étiquettes. Un message également adressé par la Banque centrale européenne aux 26 gouverneurs de la zone euro en mars dernier : « Les entreprises profitent d’une inflation élevée tandis que les travailleurs et les consommateurs paient la note ».

De son côté, l’Insee a publié une note le 15 mars 2023, dans laquelle elle confirme que le taux de marge a fortement augmenté au cours de l’année 2022 pour le secteur agroalimentaire. Toutefois, le statisticien de l’Insee, Julien Pouget, tempère les conclusions hâtives diffusées dans la presse auprès de FranceInfo, rappelant que les entreprises ont comprimé leurs marges en 2021 et que nous constatons actuellement un phénomène de rattrapage. « Il est difficile à ce stade de déterminer si les entreprises ont augmenté leurs marges audelà d’un effet de rattrapage, car les années récentes ont été très chahutées d’un point de vue économique, prévientil, « le point de vigilance est de savoir si cette hausse des marges va se cantonner à un effet de rattrapage ou si un processus plus inflationniste est en train d’être amorcé ».