La filière de la volaille française, déjà mise à mal par l’épidémie de grippe aviaire, affronte désormais une concurrence des importations non soumises à la réglementation européenne.
En effet, après le Brésil et la Thaïlande, l’Ukraine est aujourd’hui un gros pourvoyeur de volailles. Mais le conflit armé qui sévit actuellement empêche la filière ukrainienne d’exporter au Moyen–Orient, qui était l’un de ses principaux clients. Les circuits de distribution se sont tournés vers l’Europe, si bien qu’en France, les importations de poulets ukrainiens se sont envolées de 122 % au premier semestre de cette année, par rapport à la même période l’année dernière.
Or, l’Union européenne a pris la décision en juin dernier de lever totalement les restrictions liées aux importations ukrainiennes. « Cette concurrence déstabilise notre filière, et pose question sur les normes de traçabilité et de bien–être animal », explique au magazine « 60 millions de consommateurs« Yann Nédélec, directeur de l’Anvol (l’Association nationale interprofessionnelle de la volaille de chair). Il poursuit, à propos de ces normes : « Elles sont différentes et potentiellement moins strictes que les normes appliquées aux exploitations européennes ».
Par ailleurs, la très grande majorité de ces volailles proviennent du groupe ukrainien MHP, coté en bourse à Londres et dont le siège social se trouve à Chypre, un État de l’UE à la fiscalité avantageuse. Les ventes ne bénéficient donc pas aux producteurs. Les élevages de ce groupe, détenu par l’oligarque Loury Kosiouk, ressemblent davantage à des fermes–usines, où la rentabilité l’emporte sur le bien–être animal.
Enfin, ces poulets se retrouvent principalement dans les plats préparés et la restauration (cantine, restaurants…). Difficile pour le consommateur de connaître la provenance du poulet dans son assiette, la mention n’étant pas obligatoire s’agissant d’une préparation contenant de la viande.