C’est bien connu, obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologiste relève parfois du parcours du combattant, avec souvent plusieurs mois d’attente. L’idée explorée depuis quelques années pour débloquer l’accès aux soins visuels serait de confier certains examens aux orthoptistes (spécialistes du dépistage, de la rééducation et de la réadaptation oculaires, par exemple dans le cas de strabismes).
Le syndicat des orthoptistes (SNAO) et de l’Assurance maladie vont donc lancer une expérimentation début 2018 au sein des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP). Celles-ci regroupent des professionnels de santé exerçant en équipe (il y en a près de 1 000 en France). Le but serait de confier aux orthoptistes des missions qui ne constituent pas leur cœur de métier, mais qui combleraient des besoins, et pour lesquelles ils ont toutes les compétences requises. Ainsi, ils pourraient être chargés de la surveillance du glaucome ou de la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge). Dans ce cas, un ophtalmologiste sera toujours chargé d’encadrer le suivi et sera le seul à interpréter les résultats des examens et à effectuer des prescriptions médicales. L’orthoptiste pourra également s’occuper du renouvellement des lunettes en réalisant tous les examens de la vision nécessaires, sous réserve qu’un médecin généraliste de la MSP ait adressé le patient au préalable. Ce sera d’ailleurs au médecin de signer l’ordonnance des verres correcteurs. Une telle coopération entre un généraliste et un orthoptiste était jusque-là possible, mais « il n’existait pas de cotation tarifaire pour l’orthoptiste : soit il faisait un acte gratuit, soit il pratiquait un tarif libre que le patient ne pouvait pas se faire rembourser », explique Laurent Milstayn, président du SNAO.
« À travers cette expérimentation, nous souhaitons que des collègues s’installent dans les MSP ou y interviennent en vacations, pour voir si cela peut rendre service, souligne Laurent Milstayn. Et si ça marche, les protocoles pourraient s’étendre à toutes les MSP. » Il reviendra à un groupe de travail de mettre en place et de suivre les expérimentations, qui pourront démarrer dès le 1er janvier 2018.