« Tu ne le portes pas ? Vends–le ! ». Le célèbre slogan de Vinted, la plateforme de vente entre particuliers, a été détourné par Emmaüs. L’association a mis en ligne de fausses annonces sous le pseudonyme « Emma_us » avec des pièces à 7 euros comportant le slogan « Tu ne le portes pas ? Donne–le ». Leur étiquette précisent que le vêtement n’est pas à vendre mais qu’il est destiné à « interpeller, sensibiliser, nous rappeler que donner à Emmaüs, c’est (se) donner le pouvoir d’agir. Pour la solidarité. Pour l’environnement. »
Cette nouvelle campagne de sensibilisation au don vise à interpeller les consommateurs sur la situation difficile que traverse Emmaüs. « On constate aujourd’hui une dégradation de la qualité des dons », explique Valérie Fayard, directrice générale déléguée de l’association. Seuls 40 % des dons peuvent être vendus aujourd’hui contre 60 % au début des années 2000. Le reste part au recyclage.
Le don comme modèle économique
La multiplication des offres en seconde main, dont Vinted est l’acteur le plus connu mais pas le seul, érode le modèle économique de l’association. Aujourd’hui, les Français choisissent plus volontiers de vendre plutôt que de donner. Par ailleurs, la qualité des dons baisse. Selon Elodie Juge, docteure en sciences de gestion à l’Université de Lille, « les gens se déculpabilisent d’acheter du neuf en se disant qu’ils pourront le revendre ensuite ». De son côté, Vinted assure que plusieurs initiatives peuvent coexister. Pourtant, Valérie Fayard est plus alarmiste : « si ça continue comme ça, dans 10 ans, on ferme boutique ».
Les recettes engendrées par les ventes d’Emmaüs lui permettent d’employer des personnes en insertion professionnelle et de les accompagner, voire de leur proposer un hébergement. Chaque année, ce sont ainsi près de 70 000 personnes qui sont accueillies par l’association. Or celle–ci est en perte de notoriété, en particulier chez les jeunes. Plusieurs projets solidaires ont vu le jour ces dernières années pour rivaliser avec les leaders du e–commerce d’occasion. Ainsi, la plateforme Trëmma offre la possibilité de donner des objets en choisissant à quel projet bénéficiera les recettes de la vente. De même, le catalogue du Label Emmaüs, site d’e–commerce solidaire, est constitué exclusivement d’offres issues d’acteurs de l’Économie sociale et solidaire (ESS).