Des compléments alimentaires à base de curcuma pourraient se révéler néfastes à haute dose. Les autorités sanitaires donnent des conseils de prudence.
Le curcuma est une épice culinaire très appréciée, notamment pour ses supposées propriétés digestives, antioxydantes et anti-inflammatoires. Il existe sur le marché européen et français de nombreux compléments alimentaires contenant du curcuma (ou sa substance active, la curcumine).
Des cas d’hépatite
Or, dans un communiqué paru le 27 juin dernier, l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’Alimentation) a alerté sur des cas d’hépatites, en France et en Italie, impliquant des compléments alimentaires contenant du curcuma : « En France, le dispositif de nutrivigilance de l’Anses a enregistré plus de 100 signalements d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires contenant du curcuma ou de la curcumine, dont 15 hépatites ». Les autorités sanitaires ont donc mené l’enquête.
Mieux informer sur le dosage
La dose journalière admissible (DJA) a été fixée à 180 mg de curcumine par jour et pour un adulte de 60 kg par l’Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments). La DJA correspond à la quantité d’une substance qu’un individu devrait pouvoir ingérer chaque jour, sans risque pour la santé. D’après l’Anses, l’exposition de la population française reste faible, avec une moyenne de 27 mg pour les grands consommateurs d’aliments à base de curcuma. L’Agence a donc déterminé que « la dose apportée par les compléments alimentaires doit rester inférieure à 153 mg par jour pour un adulte de 60 kg ».
Mais la curcumine étant très peu biodisponible (c’est-à-dire qu’elle passe difficilement dans le sang et est rapidement éliminée), certaines formulations de compléments alimentaires sont modifiées pour augmenter ses effets. Or, en rendant la curcumine davantage biodisponible, il existe un risque d’augmenter sa toxicité pour le foie (même sans dépasser la DJA). De ce fait, « pour prévenir les intoxications, l’Anses recommande aux metteurs en marché de fournir les détails des données de biodisponibilité de leurs produits afin qu’une dose maximale d’apport journalier spécifique puisse être définie ».
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Déconseillés avec certaines pathologies
Par ailleurs, l’Anses ajoute que l’usage de ces compléments alimentaires, qui possèdent des propriétés cholérétiques (stimulant la sécrétion de bile), est déconseillé aux personnes souffrant de pathologies des voies biliaires. Attention également au risque lié aux interactions de la curcumine avec certains médicaments tels que les anticoagulants, les anticancéreux et les immunosuppresseurs. « Leur efficacité ou leur sécurité pourrait en être altérée ». L’Anses déconseille donc la prise de ces compléments alimentaires sans avis médical pour ces cas de figure.