produits alimentaires américains

Bonbons, sodas, condiments… des produits américains vendus illégalement en France

Le magazine Marianne et France Inter ont mené conjointement une enquête sur le dernier scandale alimentaire : des produits alimentaires en provenance des États-Unis, bourrés d’additifs interdits en France et dans l’Union européenne mais qui se trouvent pourtant dans nos rayons.

Des confiseries, sodas et autres sauces de grandes marques de multinationales de l’agroalimentaires (Coca-Cola, Mars, Heinz, Fanta, M&M’s…) sont vendus depuis quelques années en France alors qu’ils sont impropres à la consommation car ne respectant pas la réglementation européenne. Comment cela est-il possible ?

Des produits originaux et attrayants

Il s’agit de gammes aux saveurs peu fréquentes, aux couleurs très attrayantes, telles que le Fanta « goût fraise » ou « goût pêche », les M&M’s « saveur beurre de cacahuète », une sauce Heinz « saveur aigre-douce », des céréales Lucky Charms « à la guimauve » ou encore les Trix Trolls « aux chamallows ».
Ces produits sont fabriqués aux Etats-Unis et importés illégalement en France où ils se retrouvent dans des magasins spécialisés de céréales ou de confiserie, mais également dans certaines épiceries et même des grandes surfaces, ainsi que sur Internet.

De petits poisons

Or, ces produits sont bourrés d’additifs nocifs pour la santé, interdits en Europe, comme le dioxyde de titane (E171), probablement cancérigène et capable de causer des dommages sur l’ADN ; le sulfate d’aluminium (E520), dont l’accumulation dans le corps peut impacter la fertilité ; ou encore l’érythrosine (E127), qui peut provoquer des troubles du comportement chez les enfants. Ils ont également des teneurs en sucre très élevées, jusqu’à 52g pour 100g pour une marque de céréales.

Eric Houdeau, chercheur à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, a étudié le dioxyde de titane et explique : « Ce qui a été découvert, c’est qu’il avait la faculté de provoquer chez l’animal l’apparition de lésions précancéreuses au niveau du colon, après 100 jours d’exposition ». Ses travaux de recherche ont conduit à l’interdiction du dioxyde de titane dans l’alimentation dès 2020 en France et en 2022 au sein de l’Union européenne.

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Une fraude découverte par hasard

Cette fraude de grande ampleur a été découverte presque par hasard, au détour d’une vaste étude de la DGCCRF dans les confiseries de Besançon. Un inspecteur de la Répression des fraudes témoigne dans Marianne : « on a vite identifié un problème avec les produits en provenance d’Amérique du Nord ». Tous les produits testés en laboratoire sont revenus avec des jauges dans le rouge, jugés « non conformes » ou « impropres à la consommation ».

Très vite, les agents de la DGCCRF se sont aperçus que le phénomène dépassait de loin les officines du Doubs et ont donné l’alerte dans un rapport dès 2021. S’en sont suivis des ordres de rappels massifs, mais en 2023, la police en charge de la sécurité sanitaire des aliments est passée sous l’égide du ministère de l’Agriculture. La chasse aux additifs ne semblait plus être une priorité et le nombre de saisies a par la suite chuté, selon certains observateurs interrogés par Marianne.

La douane impuissante

Au total, les douanes ont saisi plus de 72 tonnes de marchandises depuis 2021. Une goutte d’eau face à la profusion de produits qui entrent sur le territoire et se trouvent disséminés sur les étals. D’après les informations de France Inter, une soixantaine de références seraient aujourd’hui en vente en France.

Si certains commerçants se disent ignorants de ces interdictions, d’autres les vendent sans scrupules. Quant aux grossistes, conscients que les contrôles de la douane se concentrent dans les ports du Havre et de Marseille, ils font désormais entrer leurs marchandises par le port de Rotterdam.