Le bruit est le facteur environnemental qui provoque le plus de dommages sanitaires en Europe, derrière la pollution atmosphérique. Le coût social est pharamineux : plus de 155 milliards d’euros par an !
D’après l’OMS (Organisation mondiale de la santé), le bruit est le second facteur environnemental générant le plus de dommages sanitaires en Europe derrière la pollution atmosphérique. En juillet dernier, le Conseil national du bruit et l’ADEME (Agence de la transition écologique) ont publié une étude sur le coût social du bruit. Ce dernier est estimé à 155,7 milliards d’euros par an.
Le bruit source de maux
Près de 25 millions de Français sont exposés à des niveaux sonores nocifs. Le bruit engendre de fortes gênes qui peuvent être sources de perturbations du sommeil, d’obésité, de difficultés d’apprentissage, de troubles anxio-dépressifs, de maladies cardiovasculaires, de diabète… En 2020, l’Agence européenne de l’environnement a publié un rapport selon lequel le bruit environnemental provoque environ 12 000 morts prématurées et 48 000 nouvelles maladies cardio-vasculaires par an dans l’Union européenne.
Les transports sont la principale source de bruit
Les trois principales sources de nuisances sonores sont les transports (68 % du coût social dont 51,8 % pour le bruit routier), le voisinage (17 %, dont 11 % pour les seuls bruits des particuliers) et le milieu professionnel (14 %). Pour chacune de ces origines, l’étude prend en compte les effets sanitaires provoqués (symptômes cités plus haut) mais également les effets non sanitaires comme les pertes de productivité et la dépréciation immobilière.
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Nuisance en continu
Bien souvent, les personnes exposées au bruit ambiant ont le sentiment de s’y être habituées. Or, le cerveau ne fait que détourner notre attention. Ainsi nous remarquons moins la nuisance mais elle continue d’occasionner une gêne. « Si vous emménagez dans un appartement bruyant, pendant quinze jours vous n’allez pas dormir, puis cela va se régler et vous croirez que vous êtes habitué », résume Fanny Mietlicki, directrice de Bruitparif, le centre d’évaluation technique de l’environnement sonore en Île-de-France. « En réalité, votre sommeil restera perturbé, raccourci et fragmenté, et votre santé en subira les conséquences. »
Traiter ensemble la pollution sonore et la pollution atmosphérique
La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a déclaré : « La lutte contre les pollutions sonores est un enjeu important pour le gouvernement, mais la multiplicité des sources de nuisances complexifie les actions à mener ». Pourtant, le traitement simultané de la pollution atmosphérique et de la pollution sonore permettrait d’éviter une part importante de ces coûts sociaux. À ce titre, l’étude propose quatre leviers d’action : l’installation de zones à faibles émissions (ZFE), la réduction des vitesses de 10 km/heure sur les voies rapides, l’amélioration de la qualité acoustique des bâtiments scolaires, et l’application d’une charte chantier propre. De son côté, la Fédération des syndicats des métiers de la prestation intellectuelle du Conseil, de l’Ingénierie et du Numérique (CINOV) insiste sur l’importance de la qualité acoustique du bâtiment. Elle est aujourd’hui insuffisante et coûterait 132 milliards d’euros chaque année, d’après Jean-Paul Van Cuyck, Président de CINOV GIAc (groupement de l’ingénierie acoustique).
Le bruit facteur d’inégalités sociales
Par ailleurs, Valérie Rozec, docteur en psychologie de l’environnement et responsable de projet au Centre d’information sur le bruit, signale que nous ne sommes pas tous égaux face au bruit : « L’acoustique ne représente que 30 à 40 % de la gêne exprimée, le reste correspond à des facteurs individuels – âge, éducation, etc. – et contextuels : occurrence du bruit, activité en cours, le fait de pouvoir contrôler la source de bruit notamment. »
À cela s’ajoutent de fortes inégalités sociales. En effet, les personnes les plus exposées aux bruits dans leur environnement résidentiel (proximité de l’autoroute ou de l’aéroport) sont plus susceptibles d’être aussi des travailleurs contraints d’exercer dans des espaces de travail plus bruyants.
Comment se protéger du bruit ?
L’audition est fragile et les problèmes auditifs liés aux nuisances sonores sont souvent définitifs : acouphènes, hyperacousie, surdité progressive voire lésion brutale en cas d’exposition à des bruits violents. Le bruit se mesure sur une échelle allant de 0 à 130 décibels (seuil de la douleur où l’exposition devient dangereuse). Les sons auxquels nous sommes exposés au quotidien sont compris entre 30 et 90 dB. Il est toutefois recommandé de ne pas dépasser une durée de plus de 8 heures à 85 dB (ce qui correspond par exemple au bruit d’une circulation dense de véhicules).
Pour limiter les agressions auditives provoquées par les bruits du quotidien, il est possible d’agir individuellement. Tout d’abord en s’éloignant si possible de la source du bruit, en réduisant son intensité ou en se protégeant les oreilles au moyen de boules Quies (particulièrement pendant les concerts) ou d’un casque anti-bruit. La musique écoutée via un casque ou des écouteurs présente des risques importants, quel qu’en soit le style. Ce sont en effet la durée, l’intensité et la fréquence d’exposition qui influencent le risque auditif.
Ensuite, en privilégiant des équipements ménagers plus silencieux, en équipant ses chaises de patins anti-bruit en feutre, en évitant de claquer les portes ou encore en utilisant des sets de tables pour limiter les sons d’impact des couverts. Enfin, il est conseillé d’accorder régulièrement des pauses à ses oreilles, en s’octroyant des moments de calme.
Pour en savoir plus : « Echelle des décibels et anatomie de l’oreille » (guide d’information et de prévention de l ‘association JNA)