Actuellement, 69 produits à base de glyphosate sont disponibles sur le marché français. L’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a annoncé le 9 décembre 2019 le retrait de 36 de ces produits ainsi que le refus d’autoriser quatre nouveaux produits à la vente. Ils ne pourront plus être distribués à compter de la fin du mois de mai 2020 et la fin d’utilisation des stocks est fixée au 29 novembre 2020.
Suite au renouvellement au niveau européen de la licence d’exploitation du glyphosate pour cinq ans en 2017, l’Anses a réexaminé les « autorisations de mise sur le marché des produits à base de glyphosate commercialisés en France et a lancé une évaluation comparative avec les alternatives disponibles ». En effet, si l’Union européenne a approuvé l’utilisation de l’herbicide controversé, elle a également renforcé le cadre d’examen de cette substance active en exigeant « la fourniture de données supplémentaires concernant les risques pour la santé et l’environnement ». C’est « en raison de l’insuffisance ou de l’absence de données scientifiques permettant d’écarter tout risque génotoxique », soit la potentialité d’endommager l’ADN et de provoquer des mutations génétiques, que l’Anses a pris la décision de retirer 36 produits.
Les produits concernés représentent environ trois quart des tonnages de produits à base de glyphosate vendus en France en 2018 selon l’Agence. Cette décision vient conforter le choix du Gouvernement de sortir du glyphosate dès 2021 comme l’indique dans un tweet Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire. La stratégie de sortie du glyphosate prévoit à l’heure actuelle d’interdire les « principaux usages » de l’herbicide dès le 1er janvier 2021, avant d’étendre l’interdiction à « l’ensemble de ses usages » au 1er janvier 2023. La liste des cultures qui bénéficieront d’une dérogation d’utilisation en 2021 n’a pas encore été publiée par l’État. Le rapport du 12 novembre 2019 de la Mission d’information parlementaire sur le sujet souligne néanmoins les difficultés liées au respect de ce calendrier, notamment quant au déploiement des solutions alternatives en agriculture. Il indique également que la suppression du glyphosate risque d’engendrer des charges supplémentaires pour les exploitants agricoles chiffrées entre 50 € et 150 € à l’hectare. Concernant les usages non agricoles de l’herbicide, le rapport précise qu’ils « représentaient 16 % du tonnage en matière active en 2016, contre 22 % en 2011 ». Leur diminution est notamment liée à l’interdiction de l’utilisation des produits phytosanitaires pour les personnes publiques en 2017 et pour les particuliers depuis le 1er janvier 2019.