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Inquiétude sur la hausse de la précarité

En septembre dernier, la 16e édition du baromètre de la pauvreté et de la précarité Ipsos/Secours populaire français est parue. Cette étude permet de mesurer la perception des Français sur la pauvreté et la précarité, et montre cette année une aggravation de la situation.

La France connait une inflation record et une envolée des prix, en particulier de l’alimentation et de l’énergie. Dans ce contexte, les conditions de vie de nombreux Français se détériorent en 2022. Des difficultés accrues aussi en raison de deux années de crise sanitaire et d’une récession en 2020.

Une hausse qui suscite l’inquiétude

Ainsi, près d’un Français sur deux (45 %) peine à faire face à la hausse des coûts liés au transport, notamment de l’essence. Les dépenses liées à l’énergie mettent en difficulté 41 % d’entre eux, un chiffre en hausse de 5 points par rapport au baromètre de 2021. D’ailleurs, selon l’Observatoire national de la précarité énergétique, 6 millions de foyers ont bénéficié du chèque énergie l’an passé.

L’alimentation cristallise également les inquiétudes. Plus d’un tiers des Français (37 %) rencontre des difficultés pour s’approvisionner en fruits et légumes frais. Dans le BasRhin, le Secours populaire a noté une augmentation de 60 % des demandes d’aide alimentaire, soit plus de 9 000 personnes, notamment sous forme de distribution libreservice.

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Ces complications touchent spécifiquement les ménages les plus modestes (moins de 1 200 net par mois pour un foyer). D’après le baromètre, la flambée des prix impacte 20 % de la population française. Moins d’un Français sur deux déclare réussir à mettre de l’argent de côté (48 %, en baisse de 2 points par rapport à 2021). Plus d’un Français sur trois (36 %) parvient tout juste à boucler le mois sans être à découvert.

Un quart des foyers en bas de l’échelle des revenus craint de basculer dans la précarité. Une inquiétude qui se propage d’ailleurs à l’ensemble des personnes sondées. Elle est en hausse de 14 points par rapport au précédent baromètre. L’étude souligne que « les Français ont une perception plus pessimiste que la vision purement statistique du nombre de personnes pauvres dans le pays ». Le fait d’être de plus en plus confronté à la pauvreté dans son propre vécu ou celui d’un proche en serait un facteur. Et pour cause, 65 % des Français déclarent connaître une personne concernée dans leur entourage.

De nouveau publics touchés par la précarité

De nouveaux profils de personnes précaires font leur apparition : retraités, travailleurs, étudiants… Les personnes sondées sont par ailleurs très soucieuses pour les générations futures. En effet, 85 % considèrent que les risques de voir leurs enfants connaître un jour une situation de pauvreté sont plus élevés que pour leur génération (+7 points par rapport à 2021).

La dématérialisation des démarches administratives est également un facteur aggravant. Camille Vega, secrétaire général du Secours populaire du BasRhin, témoigne dans les DNA : « On nous sollicite de plus en plus à cause de problèmes d’actualisation dans les dossiers auprès des services sociaux. Certains ont aussi des difficultés par rapport à la dématérialisation des démarches, que ce soit pour l’accès ou la maîtrise de l’outil informatique ». Elle ajoute : « Avant, on recevait 10 à 15 familles par demijournée de permanence d’accueil. Aujourd’hui, c’est une trentaine ».

A retenir :

  • Le 16e baromètre de la pauvreté et de la précarité Ipsos/Secours populaire fait état d’une aggravation de la précarité ;
  • L’inflation actuelle, après deux années de crise sanitaire et une récession, augmente les difficultés des Français ;
  • L’alimentation, l’énergie et le transport sont les principaux postes de consommation dont la hausse impacte les ménages ;
  • Les foyers les plus modestes sont les plus vulnérables, un quart d’entre eux craint de basculer dans la précarité ;
  • Étudiants, retraités et travailleurs pauvres sont les nouveaux profils de personnes précaires identifiés par le Secours populaire ;
  • La dématérialisation des démarches administratives est également un facteur aggravant.