Alors qu’il aurait dû se démultiplier sur les emballages afin de mieux informer les consommateurs sur l’origine des produits alimentaires, le label Origin’Info est finalement peu présent. Et selon une enquête de la CLCV, l’opacité et les excès marketing règnent toujours en maître dans les rayons.
La CLCV (l’association Consommation, logement et cadre de vie) a étudié 450 produits alimentaires et sur les 977 ingrédients principaux mentionnés, plus de la moitié (52 %) étaient d’origine inconnue.
Une origine rarement mentionnée
Si le pays de provenance est systématiquement précisé pour la viande de bœuf, ce chiffre tombe à 50 % pour les fruits, les légumes, les œufs ou le cacao. L’association note aussi des affichages très hétérogènes pour des produits similaires. Par exemple, pour les confitures, l’origine de 64 % des fruits est inconnue contre 44 % pour les compotes.
En revanche, l’origine des ingrédients phares est renseignée majoritairement, telle que celle du blé pour les produits de panification, celle du lait dans les produits laitiers ou encore celle de la viande dans les plats cuisinés. Et lorsque la provenance est mentionnée, elle est pour l’essentiel de France ou de l’Union européenne (UE).
Des mentions non conformes
Plus grave, une origine française est parfois affichée sur l’emballage (au moyen d’un drapeau, d’une cocarde, d’un liseré ou d’une carte de France) sans réelle justification. Pour 39 % des produits étudiés qui comportaient une mention bleu-blanc-rouge, 92 % contiennent au moins un ingrédient principal d’origine française, mais la moitié des autres composants est d’origine inconnue ou non française. Pour les 8 % restants, la mention d’origine fait référence en réalité au pays de fabrication.
Une stratégie marketing qui sème la confusion auprès des consommateurs.
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La label Origin’Info toujours aux abonnés absents
Enfin, la CLCV pointe l’absence quasi-totale du label Origin‘Info dans les rayons. Dans son échantillonnage, 51 % des produits appartiennent à des entreprises signataires de la démarche, pourtant seuls deux emballages affichaient le label, soit moins de 1 % des produits. Le plus souvent, l’information n’est accessible que sur le site Internet de l’enseigne (c’est notamment le cas de Biocoop).
L’initiative lancée en mai 2024 par l’ancienne ministre Olivia Grégoire devait essaimer : 120 marques avaient adopté le label Origin’Info et 10 000 produits alimentaires devaient suivre dans les 6 mois. Finalement, 18 mois plus tard, le résultat n’y est pas.
La CLCV demande donc aux enseignes engagées dans la démarche de déployer le logo sans délai sur les emballages, et non pas uniquement via un QR code. Elle incite fortement industriels et distributeurs à se lancer également. Et pour finir, elle exige que cesse « la pratique consistant à mettre en avant visuellement un drapeau ou un symbole évoquant une origine française en face avant de l’emballage alors que les ingrédients principaux ne sont pas français ».
L’association appelle les pouvoir publics à relancer le décret d’application de l’article 12 de la loi Egalim 2 qui interdit cette pratique, sans attendre la refonte du règlement 1169/2011 (INCO) à l’échelle européenne, ainsi qu’à renforcer les contrôles. Elle souhaite également que le label Origin’Info devienne obligatoire.