Loi EGalim : un an après, une hausse des prix pour les consommateurs

Promulguée le 1er novembre 2018, la loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable, dite loi EGalim, vise à améliorer la répartition de la valeur entre les différents acteurs de la chaîne alimentaire tout en garantissant l’accessibilité d’une alimentation saine et durable. Pour ce faire, deux mesures ont été mises en œuvre dès le début de l’année 2019 : le relèvement du seuil de revente à perte (SRP)* et l’encadrement des promotions**. En l’absence d’indicateurs de suivi de ces dispositions, l’UFC-Que choisir et la Confédération paysanne ont fait appel à l’Institut Nielsen pour en dresser le bilan.

Cette étude sur les évolutions tarifaires des produits alimentaires a été réalisée entre août 2018 et août 2019 dans les magasins des grandes enseignes de distribution. Ses résultats montrent que les prix des denrées alimentaires ont brusquement augmenté de 0,83 % entre janvier et février 2019, suite à la majoration du SRP de 10 %. Cette hausse apparaît plus marquée dans les hypermarchés et tout particulièrement sur les produits de grandes marques nationales pour lesquels l’inflation s’établit à 1,14 % en moyenne sur la période. Le budget des ménages en est d’autant plus impacté que ces marques représentent la majorité des ventes des rayons concernés. Si une légère baisse sur les marques de distributeurs est observée (- 0,2 %), cela ne permet pas de compenser cette augmentation des prix. Au total, l’Institut Nielsen estime que l’inflation représentera une hausse du budget alimentation des ménages de 1,6 milliard d’euros sur deux ans (durée prévue du relèvement du SRP). Ce chiffre est contesté par les représentants de la grande distribution. Jacques Creyssel, Délégué Général de la Fédération du commerce et de la distribution, a ainsi déclaré au journal Les Échos le 4 octobre dernier que « le consommateur n’a pas été pénalisé par une hausse des prix puisque l’inflation est quasi nulle ».
Par ailleurs, il apparaît que cette hausse des prix pour le consommateur ne se répercute pas sur les prix d’achats aux agriculteurs. Un an après son adoption, la loi Agriculture et Alimentation n’a pas permis de rééquilibrage entre le coût de production des produits agricoles et les prix du marché. À ce titre, la Confédération paysanne rappelle que « les cours du bœuf et du lait sont encore près de 15 % en dessous de leurs coûts de production ».


* Le SRP correspond à la limite de prix en dessous de laquelle un distributeur ne peut revendre un produit sous peine de sanction. Depuis le 1er février 2019, le SRP a été majoré de 10 %, c’est-à-dire qu’un produit doit désormais être revendu 110 € s’il a été acheté 100 €.

**Depuis le 1er janvier 2019, les remises sur les produits alimentaires sont plafonnées en valeur à 34 %, soit un produit offert pour deux achetés (et non plus un pour un). De plus, les promotions ne peuvent plus que concerner 25 % du volume annuel écoulé par l’enseigne.

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