La crise sanitaire accélère des tendances de consommation observées depuis quelques années. Si des incertitudes persistent en raison du contexte économique encore fragile, les consommateurs semblent résolus à faire évoluer leurs pratiques.
Rejet de la surconsommation
En mai 2020, Greenflex (entreprise française du secteur du conseil pour la stratégie environnementale) publiait son baromètre annuel de la consommation responsable (édition 2019). Une enquête réalisée auprès d’un échantillon de 2 040 personnes représentatives de la population française et qui interroge la manière dont les Français vivent leur consommation et leur rapport à la société. La crise sanitaire en était à ses débuts et le premier confinement était déjà passé. Mais la situation a mis en évidence notre dépendance envers d’autres pays sur des secteurs susceptibles de nous rendre vulnérables. Aussi, la volonté de gagner en autonomie et de nous recentrer sur les biens essentiels s’est-elle amplifiée depuis mars 2020.
De fait, le baromètre Greenflex révèle une volonté forte des Français d’aller vers une société plus durable et une consommation plus raisonnée. 91 % du panel considère que la crise du Covid-19 montre qu’il faut « relocaliser une partie des productions pour être plus résilients et autonomes ». Et la moitié des répondants (53 %) estime qu’il faut « complètement revoir notre système économique ».
Notre société de consommation y était aussi vivement critiquée, puisque 88 % des sondés jugent que les entreprises incitent à la surconsommation. Ces dernières font d’ailleurs l’objet d’une certaine défiance de la part des consommateurs, qui estiment à 61 % qu’elles restent un acteur majeur du changement (derrière l’État à 67 %).
Plus de local
Le modèle actuel est remis en question par de nombreux Français. Depuis le début de la crise sanitaire, des changements s’opèrent dans les modes de consommation des ménages. Selon Véronique VARLIN, directrice associée à l’Observatoire Société et Consommation (OBSOCO), cette crise ne fait qu’accélérer une tendance déjà en marche depuis plusieurs années. Le local et le « made in France » sont au cœur des préoccupations des consommateurs qui souhaitent redonner du sens à leurs achats, notamment face aux enjeux écologiques auxquels nous faisons face. L’Observatoire relève néanmoins une véritable dualité avec, d’un côté, une frange de la population prête à remettre en question ses habitudes et à s’engager vers une consommation plus responsable et de l’autre, des ménages fragilisés par la crise, en proie à une plus grande précarité « alors qu’ils sont encore très attachés au modèle d’hyper consommation », indique Véronique VARLIN.
Si les Français se sont recentrés sur leurs priorités et ont davantage investi leur logement (bien-être intérieur, aménagement de l’habitat…), l’OBSOCO reste dubitatif sur une persistance de l’attention que portent les Français à leur alimentation, en particulier du temps consacré en cuisine pour préparer les repas soi-même. « Un léger essoufflement était déjà visible dans nos terrains d’enquêtes à la fin du premier confinement ». Bien qu’ils semblent aspirer à consommer moins et mieux, nous n’allons pas pour autant vers un modèle de décroissance.
Le succès de la seconde main
Concernant les nouvelles tendances de consommation, Véronique VARLIN constate que l’intérêt pour l’occasion et la seconde main s’accélère également, avec un rejet de la « fast fashion » et de l’accumulation de biens. Le pouvoir d’achat des Français étant fragilisé, ces derniers prennent davantage le temps de la réflexion avant de concrétiser leur achat. Certains produits pourraient devenir inaccessibles. La directrice de l’OBSOCO explique « L’enjeu pour les marques va résider dans la capacité à proposer des gammes au prix juste, au prix éthique afin de ne pas exclure les consommateurs fragilisés. »
Les populations plus jeunes sont sensibles à l’argument écologique, notamment à la réparabilité des biens. Les marques vont devoir s’adapter en conséquence. Enfin, la crise a mis en évidence l’importance pour les commerçants de numériser leurs pratiques, en proposant la vente en ligne ou le « cliquer-collecter » pour continuer d’exercer leur activité malgré une affluence restreinte.
Budget des ménages à la baisse
La crise sanitaire et les confinements ont également eu des conséquences sur le budget des ménages. En novembre 2020, leurs dépenses ont baissé de 18,9 % en un mois et se trouvaient inférieures de 17,1 % par rapport à la même période en 2019 d’après l’Insee. La baisse est toutefois moins importante que lors du premier confinement où la consommation des ménages avait chuté de 33 %. Sans surprise, les postes de dépenses ayant le plus souffert sont les biens fabriqués (- 30,1 %) et le secteur de l’habillement-textile (- 53 %) en raison de la fermeture des commerces dits « non essentiels ». Les dépenses en énergies ont également baissé de 19,2 %, notamment à cause de la limitation des déplacements.
Quant au moral des ménages, toujours selon les données de l’Insee, il était en hausse en décembre 2020 après avoir atteint son plus bas niveau en novembre, depuis la crise des gilets jaunes.
La crise n’est pas encore passée mais la nouvelle année signe bien souvent de nouvelles intentions et notre consommation peut s’en trouver améliorée. Pour mieux correspondre aux attentes des consommateurs et faire évoluer ses missions en conséquence, la Chambre de Consommation d’Alsace et du Grand Est vous sollicite pour une courte enquête anonyme :
https://framaforms.org/achats-responsables-quen-pensez-vous-1607586509
N’hésitez pas à communiquer le lien vers notre questionnaire dans votre entourage. Plus vous serez nombreux, plus nos réponses aux problématiques actuelles pourront être affinées.