Transport : les nouveaux enjeux de la mobilité

Ces dernières années, le marché de la mobilité s’est complexifié avec une multiplication des offres. Aujourd’hui, qu’il s’agisse de relier les villes françaises ou de se déplacer dans les grandes métropoles, le choix ne limite plus simplement à l’avion, au train ou à la voiture. Dans le premier cas, les offres de covoiturage et de cars se sont multipliées. Dans le second, les traditionnels de masse (métro, train, bus, tramway…) et les taxis ont vu surgir la concurrence avec les VTC (véhicule de tourisme avec chauffeur), l’autopartage et autres vélos ou trottinettes en libre-service.

A priori, une aubaine pour le consommateur qui est ainsi libéré d’une certaine forme de monopole. Mais en contrepartie, cela rend les usages plus complexes avec la multiplication de plateformes et d’applications pour combiner toutes les offres de services. Selon une enquête du Boston Consulting Group parue en septembre 2018, 49 % des usagers franciliens ont entre 3 et 5 applications de mobilité du quotidien sur leur smartphone. À ce jour, aucune d’entre elles n’est en mesure de combiner les différents moyens de transports et de mettre en place un paiement unique pour l’usager.

Pour y parvenir, les acteurs du transport ont le choix entre deux modèles. Premièrement : proposer eux-mêmes une panoplie la plus complète possible (à l’instar des VTC, Uber et Lyft aux États-Unis). C’était il y a encore quelques années le choix opéré par la SNCF qui souhaitait regrouper, en plus de son offre ferroviaire, la location de voiture entre particuliers (OuiCar), le covoiturage courte distance (iDVroom) ou les VTC (LeCab), mais aussi les cars longues distances (Ouibus). Cette dernière filiale a toutefois été cédée à Blablacar, le numéro 1 du covoiturage en France. La SNCF serait également à la recherche de partenaires ou repreneurs pour les autres filiales. Preuve que ce modèle serait particulièrement compliqué à tenir par une seule entreprise.
Deuxièmement : agréger toutes les offres, c’est-à-dire permettre à différentes entreprises de proposer via une même plateforme leurs offres aux usagers. Ces derniers auraient alors un accès à toutes les solutions de mobilité sur une application, avec un abonnement unique. Ce système s’appelle « Mobility as a service » (MaaS) et existe déjà dans certains pays comme en Finlande ou en Suède. L’application permet de combiner transport public et mobilité à la demande, avec une facturation unique. Une initiative a été lancée en France, à Mulhouse. L’entreprise Transdev a créé un compte mobilité donnant accès aux transports en commun, aux parkings, et à des vélos en libre-service. Les usagers reçoivent en fin de mois une facture unique correspondant à leur consommation réelle.

Cependant, les acteurs du transport doivent faire face à de nombreux défis. En effet, fusionner les offres dans une seule application en temps réel demande d’avoir accès aux données complètes, de jongler entre des systèmes hétérogènes, et de convaincre les acteurs concurrents de coopérer. Par ailleurs, le modèle économique doit être suffisamment attractif pour les usagers mais rémunérateurs pour les partenaires. Il faudra ensuite trancher sur l’entité qui sera en charge de gérer un tel service. Il y a d’un côté les opérateurs de transports de masse, qui ont en charge le plus gros volume d’usagers, de l’autre les collectivités locales, qui subventionnent fortement les transports publics et s’estiment tout aussi légitimes. Enfin, les géants du numérique, experts dans l’analyse des données, sont aussi intéressés… Si la SNCF semble se tourner vers cette solution du « MaaS », cela ne sera sans doute pas si simple.

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