Le sucre est omniprésent dans notre alimentation. Ajouter par les industriels à leurs préparations, nous en consommons trop et les enfants sont particulièrement exposés. Comment débusquer ces sucres cachés, qui ne disent pas toujours leur nom ?
Nous connaissons bien les produits sucrés : gâteaux, sodas, bonbons, yaourts… mais les sucres sont aussi présents dans des denrées où l’on ne s’attend pas à les trouver, comme la charcuterie, la soupe, les pizzas et autres plats préparés. Le magazine « 60 millions de consommateurs » a passé au crible 78 produits transformés et les résultats ne sont pas brillants : plus de 50 % d’entre eux contiennent du sucre ajouté.
Substance addictive
Le sucre a un effet d’addiction proche de celui de la drogue. C’est ce qu’à révéler une célèbre étude menée par Serge Ahmed, neurobiologiste et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en 2007. Des rats de laboratoire avait le choix entre une dose de cocaïne et une dose d’eau sucrée. Dans 9 cas sur 10, c’est vers le sucre que se tournaient les animaux. « Le sucre entraîne l’augmentation de la libération de dopamine et active le circuit de la récompense, ce qui donne envie de renouveler l’expérience, explique le chercheur. L’incapacité à réguler sa consommation, alors que l’on perçoit déjà les dommages d’un tel comportement, sont bien communs à toutes les addictions ».
Les industriels ont bien conscience de ce pouvoir addictif du sucre, qu’ils rajoutent dans leurs produits pour leur apporter de la texture, mais aussi de la saveur. Cela stimule l’envie de se resservir et donc de consommer toujours plus.
Effets nocifs
Une trop grande consommation de sucre est mauvaise pour la santé. Elle entraîne un risque de développer des pathologies telles que le diabète, l’obésité, les troubles cardio-vasculaires, mais aussi la stéatohépatite non alcoolique (aussi appelée « maladie du foie gras »). L’apport excessif de sucre entraîne alors une surcharge en graisse du foie qui peut dégénérer en cirrhose, voire en cancer.
D’ailleurs, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) s’est penché en juillet 2019 sur l’association entre boissons sucrées et cancer. « Il existe bien un lien, notamment avec le cancer du sein », déclare la Pr Mathilde Touvier, directrice de l’équipe. L’étude précise : « Une augmentation de 100mL de la consommation moyenne quotidienne de boissons sucrées était associée à une augmentation d’environ 18% du risque de cancer », même avec des jus 100 % purs fruits…
Une autre recherche menée par l’Inserm en 2017 révèle « qu’une alimentation riche en saccharose dans la petite enfance va impacter la mémoire et les capacités d’apprentissage ».
Les enfants trop exposés
Le magazine « 60 millions de consommateurs » relaie les travaux de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) menés en juin 2019 et qui qualifient les apports en sucres chez les enfants de « préoccupants ». L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser le seuil de 50g par jour. Or ces seuils sont dépassés chez 75 % des 4-7 ans, 60 % des 8-12 ans et 25 % des 13-17 ans. Les produits du petit-déjeuner sont particulièrement pointés du doigts (produits céréaliers, cacao en poudre, etc.). Or les mauvaises habitudes prises par les enfants et adolescents risquent d’être conservées à l’âge adulte.
L’Anses recommande de privilégier les fruits frais, les fruits secs ou à coque (noix, amandes…), les produits laitiers natures et l’eau.
Conseils pour décrypter les étiquettes
Dans son hors-série « Manger sans s’empoisonner », le magazine « 60 millions de consommateurs » se penche sur les teneurs en sel, sucre et gras des préparations industrielles. On y retrouve également les conseils pour repérer les sucres cachés et tenter de les éviter :
– Vérifier la liste des ingrédients. Le sucre peut apparaître sous différentes appellations se terminant en « ose » (dextrose, fructose, glucose, maltose…) ou en « ol » (maltitol, sorbitol…), ou encore sous les noms sucanat, maltodextrine et les différents amidons qui sont aussi des sucres ;
– Vérifier les teneurs pour 100g de produits, et non selon les portions. Celles-ci sont bien souvent sous-estimées. Les industriels indiquent en effet les teneurs en sucre pour 30g alors que nous ingérons 25 à 30 % de produit en plus ;
– Préférer les fruits entiers aux jus de fruits qui sont aussi sucrés que les sodas ;
– Prendre garde aux mentions : « sans sucre » qui ne signifie pas sans édulcorant ;
– Eviter les édulcorants qui stimulent l’envie de sucré et augmentent la sensation de faim.
Acheter et cuisiner des produits bruts vous évitera le casse-tête des étiquettes et vous garantira la dose de sucre ajouté souhaitée. Profitez de l’été qui regorge de bons et beaux produits bruts de saison !