Un tiers des usagers pensent renoncer aux transports publics

La septième édition de l’« Observatoire de la mobilité » a été publiée le 19 novembre 2020. Une enquête a été menée auprès de 1 500 personnes vivant dans des villes de plus 50 000 habitants. Elle révèle que 36 % des usagers habituels des transports prévoient de s’en détourner une fois la crise sanitaire passée. Une situation redoutée par les opérateurs du transport public urbain et les collectivités. Depuis le premier confinement en effet, la tendance était déjà à la baisse : en septembre et octobre 2020, les taux de fréquentation des différents réseaux de transport ont oscillé entre 60 % et 80 % de la normale selon l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP), le syndicat patronal du secteur.

Les voyageurs interrogés pensent majoritairement se tourner vers les modes de transport doux, comme la marche (19 %), le vélo (8 %) ou la trottinette (2 %). Mais 16 % déclarent choisir la voiture. Or, un retour massif à l’automobile pourrait engendrer une congestion importante de la circulation. Les professionnels du secteur s’inquiètent aussi des pertes financières occasionnées par cette désaffection. L’enquête rappelle que lors du premier confinement, le transport public a essuyé 2 milliards d’euros de pertes en recettes voyageurs non-perçues tandis que les collectivités ont été privées d’un milliard d’euros de rentrées fiscales (baisse des recettes liées au versement mobilité, une contribution locale des entreprises qui permet de financer les transports en commun). Et les effets de la crise pourraient perdurer, notamment en raison de la permanence du télétravail, de la baisse des déplacements professionnels, du développement du e-commerce et des démarches à distance ou encore de l’absence de touristes.

Toutefois, 69 % des sondés indiquent qu’ils continueront d’emprunter les transports en commun, dont 13 % plus souvent qu’avant la crise, principalement pour des raisons pratiques (qui arrivent devant les considérations économiques et environnementales, en recul selon l’étude depuis le début de la crise). Les professionnels du transport public entendent bien mettre en avant les bénéfices écologiques des modes de transports collectifs.

Pour faire face, l’UTP compte regagner la confiance des usagers. Son président, Thierry Mallet, assure : « Les données scientifiques convergent toutes vers cette conclusion : les transports ne sont pas des lieux de contamination privilégiés (…) ». Pour le syndicat, cette crise est aussi l’occasion de repenser l’offre de mobilité en France. Si les centres urbains voient les mobilités actives (vélos, marche…) se développer avec l’essor du télétravail, l’offre de transport public pourrait être redéployée vers les zones moins denses. « Cela aurait plusieurs effets positifs. En périphérie, l’attractivité serait accrue, le sentiment d’isolement de la population atténuée. Dans la zone dense, les opérateurs de transport seraient moins contraints par les besoins extrêmement coûteux en personnel et en matériel de l’heure de pointe », indique M. Mallet.

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