De « nouvelles » pratiques intimes refont surface. Historiquement inspirées, elle sont désormais adaptées à la vie active et à l’éthique d’aujourd’hui. Elles s’inscrivent en protection du corps et du porte-monnaie des femmes, sans oublier Mère Nature.
Menstruation, évolution, révolution ?
Dans l’Égypte ancienne, nous retrouvons les traces – pour n’en laisser aucune – de bâtonnets entourés de papyrus ramolli. Ceci expliquerait-il que ces produits aient été soumis à la réglementation du papier et non des dispositifs médicaux jusque dans les années 70 en Europe ? Plus tard le lin ou la laine remplacera le papyrus. Vinrent ensuite les linges et jupons qui laissaient s’écouler librement le flux sans le recueillir. Suivirent les ceintures sanitaires et « chauffoirs » utilisés dans les milieux bourgeois et aristocratiques, ainsi que par Marie-Antoinette elle-même.
C’est durant la première guerre mondiale qu’apparaissent les serviettes jetables. Confectionnées par les infirmières à partir d’ouate et de compresses de gaz, elles sont fixées à l’aide d’épingles. Leur commercialisation massive arrivera dans les années 1920 aux États-Unis. Celle des tampons viendra dans la décennie suivante, inspirée des éponges à usage interne. Leur démocratisation s’étendra à l’Europe après la deuxième guerre mondiale.
Les ultimes innovations se sont portées sur la capacité d’absorption ainsi que sur l’ergonomie. Ajouts de rabats latéraux, création d’une gamme nocturne tenant enfin compte de la position ventrale ou dorsale… Ou comment appliquer la loi de la gravitation dans « l’univers-elles », avec ou sans applicateur. Près de trois siècles après la révélation de Newton, Mesdames, encore une histoire de pommes à en dormir debout !
Plus de confort ! Mais à quels prix socioéconomique, environnemental, sanitaire ?
Sanitaire d’abord, puisque leur composition est longtemps restée un tabou encore plus indisposant que les règles elles-mêmes. Une étude publiée en mars 2016 par 60 Millions de Consommateurs révélait la présence de résidus potentiellement toxiques (dioxines, glyphosate et autres pesticides). Cela a conduit les fabricants à indiquer la composition sur leurs emballages.
L’année suivante, la DGCCRF confirmait avoir trouvé sur l’ensemble de la filière dioxines, furanes et composés organiques halogénés extractibles (EOX), ainsi que des résidus d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Même si cette institution juge qu’il n’y a « aucun risque grave immédiat pour la santé », rappelons qu’il s’agit de produits directement au contact des muqueuses, pour une exposition répétitive et à long terme.
Environnemental ensuite, puisqu’une femme ayant en moyenne ses règles 400 à 500 fois au cours de sa vie, cela représenterait entre 5000 et 15 000 déchets jetés.
Socioéconomique enfin, car ces produits de première nécessité représentent un coût conséquent. L’estimation de ce coût varie d’une étude à l’autre mais il avoisine les 200 € par an au minimum.
Des initiatives pour lutter contre la précarité menstruelle
La baisse de la TVA le 1er janvier 2016 (passant de 20 % -celle appliquée aux produits de luxe !…- à 5,5%) ou encore le remboursement par certaines mutuelles étudiantes sont des étapes essentielles pour améliorer l’accessibilité aux protections hygiéniques.
Le collectif Règles élémentaires vient placer, à l’occasion d’événements locaux, des urnes de collecte de serviettes et tampons hygiéniques au profit des femmes SDF ou incarcérées : vous les retrouvez par exemple pendant la période de Noël sur le Marché OFF de Strasbourg.
Enfin, la distribution gratuite de protections intimes est lancée à titre expérimental à l’initiative de Marlène Schiappa et Christelle Dubos (secrétaires d’Etat chargées respectivement de l’Égalité hommes femmes et de la Solidarité et la Santé).
Des solutions individuelles
La première étape, pour celles d’entre vous qui souhaiteraient opérer un changement de pratiques progressif, consisterait au recours à des serviettes et tampons écologiques.
Ensuite, très proche de l’usage actuel le plus répandu, vous trouverez les culottes et serviettes lavables (s’attachant par un système de pression). À base de tissus naturels, réutilisables, elles sont à la fois écologiques et économiques et très performantes.
Pour ce qui est de l’usage interne, l’alternative aux tampons la plus répandue est la coupelle menstruelle (ou « cup »). Elle est composée de silicone hypoallergénique et est de plus en plus plébiscitée par les femmes, contrairement aux éponges naturelles qui restent encore une pratique confidentielle bien qu’ancestrale.
Alors, ne vous reste plus qu’à tester ces alternatives, afin d’oser mener votre révolution des culottes !