En France, seules l’inhumation et la crémation sont autorisées. Pourtant, de plus en plus de Français souhaitent réduire leur empreinte carbone, même après leur disparition ou celle de leur proche. Quelles possibilités s’offrent à nous ?
Le sujet est délicat, voire tabou. Mais il intéresse de plus en plus nos concitoyens. De nombreux jeunes retraités ont à cœur de préparer leurs obsèques, notamment pour soulager leurs proches de ce fardeau et recherchent à ce titre des informations sur les alternatives existantes.
Mais quand nous sommes confrontés au décès brutal d’un proche, difficile d’y voir clair parmi les offres des entreprises de Pompes funèbres. Nous sommes alors tentés de nous laisser guider, l’approche environnementale passant au second plan. Il est pourtant crucial de bien se renseigner pour connaître ses droits.
Les différents types de sépultures
Malgré ces deux options de funérailles imposées, il existe une diversité d’offres pour limiter notre impact sur l’environnement. Pour l’inhumation, le choix « en pleine terre » est préférable au caveau, du fait que le cercueil sera placé à même le sol, et non pas dans une fosse bétonnée. Il va donc se dégrader plus rapidement. Cette solution est par ailleurs beaucoup moins coûteuse tout en restant adaptée aux rituels de différentes religions.
La loi française exigeant le recours au cercueil, il est possible de choisir des matériaux plus écologiques, comme le carton. Ce sont des cercueils fabriqués grâce à des fibres de papier recyclé ou encore particules de bois. Une bonne alternative au bois massif qui se dégrade beaucoup moins bien en plus d’être gourmand en ressources. La société française Eco-Cerc propose par exemple un cercueil en carton alvéolé plaqué bois certifié, répondant à la législation actuelle en vigueur et compatible avec la crémation.
Concernant justement la crémation, il existe des urnes biodégradables, en fibres naturelles, pour recueillir les cendres du défunt. Elles sont destinées à être enterrées en pleine nature, et permettent notamment de faire pousser un arbre. La réglementation est toutefois stricte et des autorisations sont nécessaires pour procéder à ce type d’inhumation. Elles sont une alternative à la dispersion des cendres. En revanche, elles ne peuvent pas être inhumées dans un cimetière ou être déposées dans une cavurne, notamment parce qu’elles ne répondent pas aux règles d’étanchéité et que les urnes inhumées doivent pouvoir être extraites pour être déplacées. Par ailleurs, la conservation d’une urne funéraire au domicile des proches est strictement interdite.
Enfin, il est tout à fait possible de végétaliser une tombe, plutôt que d’opter pour une stèle en granit, le plus souvent en provenance de Chine…
Il est d’autant plus important de connaître ces alternatives que certaines sociétés induisent les familles endeuillées en erreur. C’est ce que dénonce Michel Kawnik, président de l’Association française d’information funéraire (Afif), dans le magazine « Ça m’intéresse » : « Il y a un décalage entre la volonté, souvent non formulée par les défunts et leurs familles, de funérailles plus simples, moins onéreuses et plus responsables, et celle des professionnels du funéraire de les laisser dans le flou, voire de les désinformer – en disant par exemple que les cercueils en carton sont interdits dans les crématoriums, ce qui est faux –, car des obsèques écologiques sont moins rentables pour eux ».
Interventions sur le défunt
Les techniques d’embaumement des corps sont particulièrement polluantes. Elles consistent à injecter 8 à 10 litres de produits formolés. Un acte invasif réalisé auprès de 39 % des défunts en 2018, selon un rapport sénatorial publié en juillet 2019. Il est pourtant tout à fait possible de maintenir le corps à température basse grâce un lit réfrigérant ou l’utilisation de glace carbonique (carboglace).
Les techniques de conservation du corps, souvent nécessaires dans l’attente de la mise en cercueil, ne peuvent être imposées. L’Afif met d’ailleurs en garde les consommateurs. Elle indique en effet que certains professionnels n’hésitent pas à faire croire que seules les injections peuvent être pratiquées, ce qui est faux. « Des sociétés spécialisées livrent la carboglace partout en France pour les hôpitaux, les industries, les vétérinaires, les pompes funèbres, etc. », précise l’association sur son site Internet.
Elle conseille également d’exiger « que soit facturé indépendamment une éventuelle technique de conservation (carboglace, lit ou rampe réfrigérants, formolisation) avec un acte de présentation (toilette, habillage, maquillage et coiffure) ». Cela évite également toute confusion entre ces deux pratiques distinctes.
À noter que les défunts atteints ou probablement atteints du covid-19 au moment de leur décès font l’objet d’une mise en bière immédiate. La pratique de la toilette mortuaire est interdite pour ces défunts.
BON A SAVOIR
Ailleurs dans le monde
D’autres techniques, plus marginales, existent dans différents pays, comme l’humusation (placement du corps en compost entre plusieurs couches de végétaux), la promession (le corps du défunt déjà congelé est plongé dans de l’azote liquide puis installé sur une table vibrante. La poudre obtenue est placée dans une urne biodégradable afin d’être enterrée) ou encore la liquéfaction, aussi appelée « résomation » ou « aquamation », décrite parfois comme une crémation par l’eau (le corps est immergé dans une solution alcaline qui le dégrade). Certaines de ces techniques se développent notamment en Belgique, en Suède, aux États-Unis, en Grande Bretagne ou encore au Canada.
Concernant la France, et pour aller plus loin sur cette thématique, le livre « Funérailles écologiques, pour des obsèques respectueuses de l’homme et de la planète » de Brigitte Lapouge et Laetitia Royant (éditions Terre vivante) est riche d’informations, du financement des obsèques à l’entretien et la décoration des tombes.