Le scandale des graines de sésame contaminées dure depuis plusieurs semaines. Les premiers signalements datent du 9 septembre 2020 en Belgique.
Au 4 février 2021, la DGCCRF (Répression des fraudes) a rappelé 2 500 produits : 1 000 produits grand public et 1 500 produits destinés aux professionnels. Biscuits, pains, houmous, farines, tartinades, graines, huiles, chocolat… De nombreuses références en provenance d’Inde présentent des teneurs trop élevées d’oxyde d’éthylène (ETO). Ce pesticide est connu depuis longtemps pour ses qualités fongicides et bactéricides. Il est classé comme substance mutagène (pouvant causer des anomalies génétiques), cancérogène et toxique pour la reproduction.
Une fraude à l’origine de la contamination
Le problème est que cette contamination remonterait à plus d’un an sans que nous soyons capables de déterminer son ampleur. La seule certitude est qu’il s’agit bien d’une fraude de la filière indienne et non d’un accident, comme le confirme la Commission européenne : « L’oxyde d’éthylène a été utilisé à des fins de décontamination microbiologique des graines de sésame ».
Tandis que l’Europe fixe la limite maximale de résidus (LMR) au seuil de la limite de détection (soit 0,05 mg/kg sur les graines et herbes et 0,1 mg/kg sur les épices), cette molécule ne fait pas l’objet de recherches dans les analyses de routine. Or, depuis que les industriels ont systématisé les contrôles et en ont élargi le spectre, ils retrouvent des traces d’oxyde d’éthylène dans d’autres produits. Échalotes déshydratées, psyllium, curcuma, amarante… Cela concerne même les références bio – 49 % des produits rappelés selon « 60 ». Les produits sont donc retirés du marché au compte-goutte.
La liste des produits contaminés pourrait encore s’allonger, selon Hubert Bocquelet, délégué général de la Fedalim*: « Le laboratoire de référence européen pour les résidus de pesticides qui a travaillé sur l’oxyde d’éthylène a identifié plusieurs produits susceptibles d’être contaminés : les épices et aromates, les noix, le riz, les champignons séchés, les légumes séchés, les herbes aromatiques, le thé ». Cela concerne également les produits surgelés, notamment les plats préparés asiatiques. L’enseigne Picard a rappelé une vingtaine de produits le 12 février dernier.
À l’heure actuelle, aucune évaluation des risques n’est envisagée car l’Anses* estime l’issue d’une telle étude trop incertaine. Plus d’informations dans le dossier détaillé du magazine « 60 millions de consommateurs ».
*Fédération professionnelle regroupant notamment les transformateurs de poivres, épices et aromates
**L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail