Un tiers de notre activité consiste à dormir, soit environ 118 jours par an ou 25 ans de notre vie. D’où l’importance du confort de couchage pour nous qui sommes également de plus en plus nombreuses et nombreux à nous interroger sur l’impact sur la santé et l’environnement de notre literie.
En mousse, en latex, à mémoire de forme ou à ressort, anti acariens ou hypoallergéniques, le choix est large dans la gamme des matelas. Si notre critère premier s’oriente sur le degré de fermeté et le confort dorso-lombaire, qu’en est-il du détail de la composition du couchage ? Il semble qu’un manque de transparence persiste dans ce domaine.
Pour un sommeil de plomb ou paradoxal, qu’y a-t-il dans nos matelas ?
Nous savons cependant que les matelas en mousse synthétiques, longtemps leaders sur le marché, sont composés de dérivés du pétrole : de polyéther pour les bas de gamme, de polyuréthane pour l’échelon supérieur (à mémoire de forme), vient ensuite le latex synthétique.
Cependant, un matelas peut être considéré comme un millefeuille superposant différentes couches de composants qu’il faut maintenir ensemble. C’est pourquoi la colle est le deuxième élément le plus présent après la garniture.
Des chercheurs de l’université d’Austin au Texas ont mené une étude sur les matelas des nourrissons. Ils ont identifié une dizaine de COV (composés organiques volatils) ainsi que des phtalates, des isocyanates et des retardateurs de flammes. S’ajoutent à la liste chlore, perturbateurs endocriniens, formaldéhyde et solvants… De quoi tomber dans les pommes, voire dans les bras de Morphée…
Fin 2017, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire alimentation, environnement, santé) avait été saisie par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Cela a conduit à l’émission d’une alerte due à la découverte de teneurs anormalement élevées de dichlorobenzène, rapidement levée, réautorisant la vente des produits concernés sous condition de la suppression de labels.
Dormir sur ses deux oreilles
Les labels, justement, peuvent guider vos choix : Ecolabel européen et Norme Française pour les matelas, Oeko-Tex pour les couettes et oreillers, Gots (Global Organic Textile Standard) pour le linge de lit ainsi que certification Ecocert. Optez autant que possible pour les matières naturelles. Elles garantissent à la fois une meilleure thermorégulation et une capacité d’absorbtion de l’humidité, contrairement aux éléments synthétiques. Lorsqu’on sait que l’on perd en moyenne 130 litres d’eau par an durant le sommeil, cela laisse songeur.
Rappelons que l’appellation de « matelas en latex naturel » (issu de la sève de l’hévéa) peut être mentionnée dès lors que ce dernier est composé d’au moins 85% de matières naturelles, mais autant viser les 100%. Pour rester dans l’exotisme, il existe une offre en fibres naturelles de coco, d’eucalyptus ou de bambou, d’autre part les matelas sont parfois traités à l’aloé vera. Le coton sera préférablement choisi bio et autant que possible équitable.
Avant d’évoquer les matériaux made in France, un critère pour les plus exigeants consiste à privilégier un capitonnage intégral. Enfin, en production sur notre territoire, la paille, le lin et surtout la laine font leur grand retour. Rappelons que ces matières étaient largement utilisés depuis Moyen-âge, jusque dans les années 1970.
D’ailleurs chez nos voisins meurthe-et-mosellans « De laine en rêves », petite entreprise à But d’Emploi (EBE) ont développé des matelas artisanaux, fabriqués localement, permettant à des personnes de sortir du chômage de longue durée et à 13 éleveurs régionaux de valoriser leur laine. En effet, il y a encore quelques années, celle-ci (comme 95 % de la laine produite en France) faisait un aller-retour en Asie pour y être traitée et transformée avant de revenir « au bercail ».
Cumul de valeurs d’éthiques, de quoi s’endormir sereinement en comptant les moutons !
Comme on choisit son lit on se couche… avec bonne conscience
Il est communément conseillé de changer de literie tous les dix ans. Les Français prolongent en moyenne la durée de vie à 14 ans. Pour les soucieux de la réduction de leurs déchets, si l’achat d’occasion se heurte au fléau des punaises de lit, il existe en revanche d’autres solutions pour la réutilisation des matelas. Certaines entreprises les récupèrent pour les démanteler, et en remettre sur le marché reconditionnés et éco conçus.
D’autres spécialistes du couchage choisissent de produire en usines autonomes en consommation d’énergie, de recycler au maximum les déchets de fabrication et veiller au traitement des eaux usées, ou encore de s’associer à des campagnes de reforestation (un arbre replanté à chaque achat).
S’il est facilement imaginable que nos anciens matelas peuvent prolonger leur karma en panneau isolant, plus insolite : ils peuvent parfois être transformés en mannequins servant à l’entraînement des pompiers et des sportifs de haut niveau, au milieu du cinéma et aux essais de matériel médical.
Que de solutions pour un petit somme en bon consommacteur !