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Des enfants trop exposés à la publicité en ligne

En France, les enfants sont de plus en plus exposés à la publicité sur divers canaux (télévision mais aussi réseaux sociaux et YouTube). Or le secteur est peu régulé, contrairement à d’autres pays. Les plus jeunes ne sont donc pas protégés.

La publicité en ligne plus que celle à la télévision

Aujourd’hui, les enfants passent deux fois plus de temps en ligne qu’il y a dix ans. Ils sont sur Internet en moyenne deux heures par jour en semaine et trois heures les week-ends (jusqu’à plus de six heures pour près de 20 % d’hyperconnectés). Les périodes de confinement et de couvre-feu ont accentué ce phénomène. Les plus de 8 ans passent davantage de temps sur leur smartphone ou tablette que devant la télévision. Les annonceurs se sont donc naturellement positionnés sur Internet pour toucher la cible enfantine. D’ailleurs, à l’échelle mondiale, les dépenses de publicité en ligne visant explicitement les enfants ont été multipliées par dix en dix ans tandis que celles diffusées via des médias traditionnels, comme la télévision, sont restées à un niveau stable.

Or, les enfants de moins de 13 ans ne comprennent pas bien la notion de données personnelles. Ils parviennent en revanche facilement à contourner l’obligation d’autorisation parentale pour accéder aux réseaux sociaux. Sur Instagram, Snapchat, YouTube…, les marques créent de l’interactivité avec ce jeune public en organisant des jeux, et entretiennent ainsi le flou entre divertissement et publicité. Des influenceurs et influenceuses suivis en masse sont également rémunérés pour vanter des produits, sans que les enfants le comprennent.

Pour les moins de 8 ans, c’est encore plus problématique puisqu’ils ne distinguent absolument pas la publicité des informations non commerciales. Résultat, les enfants sont de plus en plus nombreux à réclamer certains achats à leurs parents, générant de nombreux conflits familiaux.

Le cas de la publicité alimentaire

Par ailleurs, les publicités alimentaires diffusées à la télévision contribuent à l’épidémie d’obésité infantile. L’UFC-Que Choisir lutte depuis 10 ans contre la publicité pour la malbouffe dans les programmes destinés aux enfants (une pétition est toujours en cours). La France semble en retard sur ce point. En effet, si depuis 2016, les chaînes de télévision publiques sont tenues de ne pas diffuser de publicités à destination des enfants de moins de 12 ans dans les émissions qui leur sont dédiées, en dehors de ce périmètre, aucune contrainte effective n’existe… A contrario, en Suède et au Canada, la publicité à destination des moins de 13 ans est proscrite, qu’elle soit diffusée en ligne ou à la télévision. Les programmes pour enfants en Irlande n’ont pas le droit d’inclure de la publicité, tandis qu’en Grèce, la publicité pour les jouets est interdite.

Enfin, d’après le rapport « EU kids online 2020 », les petits Français sont ceux qui présentent le moins de compétences numériques, comparés aux enfants de 19 pays européens. Il semble donc urgent de mettre en place une autorité de régulation à l’égard des professionnels, des normes de protection des enfants ainsi que des campagnes de sensibilisation à destination des parents et des éducateurs.