Dans une tribune publiée par le journal Libération et lancée par les professeurs André Grimaldi, Jean-Paul Vernant et le docteur Anne Gervais, un collectif de 1 000 médecins et cadres de santé dénoncent la nouvelle « cure de rigueur budgétaire » annoncée pour les hôpitaux. Leur budget n’augmentera en effet que de 2 %, en vue de réaliser 1,6 milliards d’économie. « Les hôpitaux sont donc condamnés à augmenter sans cesse leur activité tout en réduisant le nombre de leurs personnels, expliquent les signataires. Ce « toujours plus avec toujours moins » entraîne une dégradation des conditions de travail, provoquant épuisement et démotivation des soignants et en conséquence, une baisse de la qualité des soins ».
Le mode de financement des hôpitaux à l’heure actuelle repose majoritairement sur la tarification à l’activité (T2A). Celle-ci dépend donc du nombre de séjours enregistrés et des actes pratiqués par les médecins. Ainsi, à chaque acte médical correspond un prix bien spécifique. Mais cela a entraîné une course à l’activité, amenant certains établissements à réaliser des actes médicaux inutiles, tout en gardant les patients le moins longtemps possible sur site. La ministre de la Santé Agnès Buzyn a indiqué sa volonté de limiter ce mode de financement, ce que saluent les professionnels de santé. Ils souhaitent que la T2A soit réservée « aux soins standardisés et programmés » et que d’autres modes de financement soient mis en place pour les autres types de soins.
Les signataires réclament également le maintien « dans chaque unité de soin [d’]un taux de soignants présents permettant de garantir la sécurité des patients et la qualité des soins », en modulant l’activité « [lorsque] ces conditions ne sont pas remplies, sans que cela n’entraîne de suppression automatique de personnels ».
En parallèle, un « Grenelle de l’hôpital » a été réclamé par voie de communiqué par deux intersyndicales de praticiens hospitaliers (Avenir hospitalier et CPH) qui évoquent une situation hospitalière « explosive ». Ils dénoncent entre autre une banalisation de la souffrance au travail, qui n’a fait que croître depuis 10 ans.
Une pétition a également été lancée le 14 janvier dernier par les urgentistes Patrick Pelloux, Christophe Prudhomme et l’interne en médecine Sabrina Ali Benali pour décrier « l’insuffisance des effectifs et des moyens » dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et dans les services d’aide à domicile. Elle a récolté en 2 jours plus de 25 000 signatures.