Le rapport publié (en anglais) par l’Organisation des Nations Unies le 20 mars dernier révèle que le monde a produit 62 millions de tonnes de déchets électroniques en 2022… Un chiffre qui a presque doublé en douze ans. Avec 22 kg par habitant et par an, la France se place en quatrième position des pays d’Europe les plus producteurs de « e-déchets » derrière la Norvège, la Grande-Bretagne et la Suisse.
Déchets électroniques : le recyclage ne suit pas le rythme
Parmi ces déchets se trouvent :
- les appareils électroniques (smartphones, tablettes, ordinateurs) ;
- l’électroménager (machines à laver, lave-linge, sèche-cheveux) ;
- les équipements électriques (panneaux photovoltaïques).
En parallèle, les chiffres du recyclage démontrent que la filière ne parvient pas à suivre. En effet, seuls 22,3 % des équipements mis au rebut ont été collectés et recyclés de manière écologique.
Le recyclage est tout de même en progression, passant de 8 millions de tonnes en 2010 à 13,8 millions en 2022. Mais il augmente cinq fois moins vite que la production de déchets électroniques. En cause, selon l’ONU : « les progrès technologiques, une consommation plus élevée, des options de réparation limitées, des cycles de vie courts, une numérisation croissante et des infrastructures inadéquates de gestion des déchets électroniques ».
Des déchets coûteux
Les produits non pris en charge dans les circuits de recyclage officiels vont à la collecte et au traitement. Cette étape se fait soit par des structures informelles, dans les pays à revenus moyens à élevés, soit par des acteurs non officiels dans les pays pauvres. Le reste (14 millions de tonnes) atterrit en décharge. En outre, 5 millions de tonnes de déchets sont expédiés chaque année à l’étranger… Dont 65 % en provenance de pays riches vers des pays à faibles revenus. Or ceux-ci ne disposent pas des infrastructures nécessaires. En conséquence, des milliers de tonnes de polluants (mercure, plastiques, etc.) déversés dans la nature contaminent eau et sols. Les Nations unies estiment à 78 milliards de dollars les coûts externalisés engendrés par cette pollution.
Mais, si aujourd’hui les coûts du recyclage dépassent les bénéfices, l’ONU table sur un renversement de situation. Cela représenterait une opportunité économique. Ainsi, si le taux de recyclage mondial atteint 60 % en 2030, « l’amélioration de la gestion des déchets électroniques » pourrait même « se traduire par un bénéfice net mondial de 38 milliards de dollars ». C’est ce que souligne Ruediger Kuehr, responsable du programme Sustainable Cycles au sein de l’Unitar*. Toutefois, dans le même temps, l’ONU alerte sur le chiffre de 82 millions de tonnes de e-déchets à cette échéance…
*Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche