Selon le dernier rapport de l’Observatoire des tarifs bancaires (OTB), un organisme rattaché à la Banque de France, les frais de tenue de compte font partie des tarifs bancaires ayant connu l’une des plus fortes hausses depuis une dizaine d’années.
L’effet est toutefois limité pour le consommateur, puisque les tarifs sont passés en moyenne de 19,95 € par an fin 2019 à 21,06 € au 5 janvier 2021. Mais les frais de tenue de compte étaient quasiment inexistants en 2011 et s’élevaient en moyenne à seulement 13,21 € par an. Aujourd’hui, la gratuité ne concerne plus que douze établissements. « Il s’agit de sept banques en ligne, et de cinq caisses régionales de Crédit Agricole » indique Laurent Trichet, fondateur du cabinet Sémaphore Conseil, qui a fourni les données à l’OTB.
Par ailleurs, les frais de tenue de compte ne concernent en réalité que 20 à 30 % des consommateurs. Selon le Comité consultatif des services financiers (CCSF), l’organisme chargé de déminer les relations entre consommateurs et le secteur financier, la plupart des établissements bancaires ne les appliquent pas ou pratiquent des ristournes. Pour la majorité des consommateurs, ces frais bancaires sont en réalité inclus dans des offres groupées de services (« packages »). Ainsi, de nombreux clients « ne se voient donc pas spécifiquement facturer cette prestation » souligne Laurent Trichet. Pour les experts, les frais de tenue de compte viennent rattraper les baisses de revenus générées par des crédits à taux proches de zéro, voire négatifs ainsi que des dépôts des clients qui deviennent coûteux pour les établissements bancaires (les liquidités dites « excédentaires » placées par les banques à la Banque centrale européenne (BCE) sont pénalisées à hauteur de 0,5 %).
De leurs côtés, les associations de consommateurs AFOC, CLCV, UNAF, Familles Rurales et UFC-Que Choisir dénoncent dans un communiqué de presse du 18 février, « le recul inacceptable de la lisibilité de certaines brochures tarifaires ». Elles appellent les pouvoirs publics à instaurer par la loi, d’une part, « la lisibilité des brochures, notamment par le maintien de l’extrait standard des tarifs en première page et l’expression des prix en base annuelle », d’autre part, « la clarté des documents d’information tarifaire en imposant que n’y figure qu’un seul package qui soit comparable entre les banques ».