Le drop shipping consiste pour un professionnel à vendre sur Internet des produits qu’il ne possède pas. Si la méthode est légale, des pratiques douteuses se font jour. Les consommateurs comme les vendeurs peuvent être victimes d’arnaques.
Le drop shipping se nomme en bon français la « livraison directe » ou l’« expédition directe ». Le concept, qui a vu le jour outre-Atlantique, signifie « vendre ce qu’on ne possède pas ». Le vendeur est donc un intermédiaire entre le fournisseur et le client final. Il achète auprès du fournisseur les produits au fil des commandes qu’il reçoit sur son site Internet. C’est ensuite le fournisseur qui gère les stocks et se charge de la livraison auprès du client.
Cette méthode présente un intérêt pour le revendeur qui ne souhaite gérer ni stocks ni expéditions. Ce procédé commercial totalement légal est sujet à controverses en raison du manque de transparence et d’informations préalables à l’attention du consommateur.
Pratiques douteuses
Ainsi, certains vendeurs peu scrupuleux utilisent cette méthode pour gagner de l’argent facilement. Ils créent un site Internet avec de jolies photos de produits (bijoux, articles de cuisine, objets de décoration…). Ceux-ci viennent en réalité d’Asie et sont achetés sur des plateformes de grossistes à bas coût, AliExpress pour le plus connu. Les articles sont ensuite revendus bien plus chers au client final qui ne peut savoir qu’il n’achète pas directement au e-commerçant.
Les produits en question sont souvent présentés comme révolutionnaires, très à la mode, indispensables au quotidien… Avec des promotions attractives et des avis de consommateurs très satisfaits. Les revendeurs utilisent également massivement les réseaux sociaux pour promouvoir leur site. Cela, via des publications sponsorisées ou par l’intermédiaire d’influenceurs payés pour en assurer la publicité auprès de leur communauté.
Pratiques trompeuses
Les déconvenues les plus fréquentes avec ce type de pratiques sont la livraison non-conforme, la non-réception de l’article commandé ou encore un service client injoignable. Bien souvent, les sites Internet montés pour ces opérations disparaissent aussi vite qu’ils naissent. Certaines pratiques peuvent d’ailleurs être considérées par le juge comme pratiques commerciales trompeuses, s’il est démontré qu’elles reposent sur « des allégations, indications ou présentations fausses ou de nature à induire en erreur » (article L121-2 du Code de la consommation). C’est notamment le cas si le vendeur annonce un produit « made in France » alors qu’il provient de Chine…
Côté vendeurs, de l’argent pas si facile…
Du côté des vendeurs, le drop shipping peut aussi être source de déception. De nombreux « gourous » – formateurs, youtubeurs et autres experts autoproclamés – promettent d’obtenir fortune rapidement et facilement, sans rien faire. Des plateformes comme Ecopresto ou Shopity permettent de créer des sites spécialement conçus pour le drop shipping, avec des services « clés en main », moyennant un abonnement mensuel.
De nombreux particuliers se lancent sans aucune connaissance ou compétence dans le domaine commercial. Ils se mettent alors en situation de fraude en matière de droit de rétractation, de droits de douane ou de publicité mensongère. En outre, ils accumulent des frais imprévus et ne gagnent pas autant d’argent qu’espéré en raison d’une forte concurrence. Tout le monde peut en effet acheter des articles sur des sites comme AliExpress. Et plusieurs boutiques en ligne coexistent en proposant les mêmes produits aux mêmes tarifs…
Jean-Baptiste Boisseau, du site Signal-Arnaques, expliquait en 2019 dans le journal Le Monde : « C’est une arnaque double face. Les consommateurs se font arnaquer ; ils ont un produit et un service après-vente qui ne sont pas du tout à la hauteur. Et les gens qui se lancent dans le business du “dropshipping” sont persuadés qu’ils vont gagner quelque chose. Mais les seuls qui y gagnent, ce sont les intermédiaires : Shopify, Facebook et les gens qui vendent des formations ». Et d’ajouter que s’il est impossible d’avoir des preuves tangibles du succès des « gourous » du drop shipping, c’est « parce que c’est souvent bidon, et pour les quelques-uns qui gagnent vraiment de l’argent, c’est parce qu’ils ont des pratiques illégales ».
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Ne pas tomber dans le piège
Ainsi, pour ne pas se faire avoir, il est indispensable de :
- Vérifier les mentions légales, conditions générales de ventes et coordonnées du vendeur qui doivent être accessibles ;
- Rechercher sur les moteurs de recherche, forums et sites étrangers (AliExpress, Wish…) le produit en question avant de le commander, ainsi que des avis de consommateurs fiables ;
- Avoir conscience que des délais de livraison supérieurs à 10 jours indiquent très surement un produit en provenance d’Asie ;
- Ne pas oublier que le consommateur dispose d’un délai de 14 jours à compter de la réception du produit pour le retourner s’il ne convient pas (sauf exceptions précisées dans l’article L221-28 du Code de la consommation) ;
- Garder à l’esprit que les influenceurs sur les réseaux sociaux n’ont pas toujours un avis neutre et objectif, mais peuvent être payés pour vanter les mérites d’un produit ;
- Avoir en tête que les promesses de gains d’argent faciles et rapides sur Internet peuvent cacher des arnaques ou des fraudes.