D’après une étude menée par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) en novembre 2022, 16 % des Français interrogés déclarent « n’avoir pas toujours assez à manger ». Parmi les personnes en situation de précarité alimentaire, seule la moitié (48 %) recourt à des aides, par méconnaissance mais également par honte ou peur du « qu’en dira-t-on ? »…
Ces aides se traduisent par l’accès à des repas gratuits (18 % des personnes), l’accès à une épicerie sociale et solidaire (18 %), les paniers de produits alimentaires distribués par les
associations (15 %), l’attribution de tickets ou bons alimentaires par une association (12 %). En septembre 2023, le Credoc a publié une note faisant état des stratégies déployées par ces foyers et des arbitrages mis en œuvre pour se nourrir dans un contexte de forte inflation.
Faire face à la précarité alimentaire sans aides
Ainsi, les personnes en situation de précarité alimentaire « s’approvisionnent principalement via des canaux qui ne leur sont pas spécifiques », selon le Crédoc. Les supermarchés ou hypermarchés représentent la principale source d’approvisionnement pour 45 % des foyers concernés. Une proportion plus faible que les autres ménages (70 %) mais néanmoins très élevée. Le hard discount et les marchés se placent respectivement en deuxième et troisième position de ce classement.
Les personnes en situation de précarité alimentaire sont plus nombreuses à rechercher les invendus des supermarchés ou des marchés mais fréquentent beaucoup moins les circuits spécialisés ainsi que les circuits-courts par rapport au reste de la population.
Les solutions développées pour faire des économies consistent à réduire la qualité des aliments (pour 46 % des personnes interrogées) ainsi que la quantité et la fréquence des repas (49 %).
Enfin, les freins observés pour le recours à l’aide alimentaire sont la gêne et l’idée de ne pas être éligible (pour 35 % des sondés). En outre, l’enquête souligne que la recherche constante de solutions d’économie de sources marchandes ou non marchandes implique beaucoup d’organisation et une charge mentale élevée, au détriment du temps passé avec les proches.
Pour les auteurs de l’enquête, le contexte inflationniste actuel, « inédit depuis les années 1980 », fait de la question alimentaire une question politique « de premier plan ».