À l’heure où il est question de réduire nos déchets et de repenser nos modes de consommation, il y a une filière qui se fait plutôt discrète et qui a pourtant un bilan assez lourd, c’est celle du livre. En pleine rentrée littéraire (avec 581 nouveaux titres publiés à cette occasion), le Bureau d’Analyse sociétale pour une information citoyenne (Basic) a publié le mardi 12 septembre une étude sur les impacts sociaux et environnementaux de l’édition en France. Si les écrivains sont de plus en plus médiatisés et les Français incités à lire davantage, la filière de production du livre, l’évolution des métiers qui la composent, ou encore la provenance de ses principales matières premières restent largement méconnues du grand public.
L’étude révèle notamment qu’en moyenne, chaque année, 1 livre sur 4 est détruit (pilonné) sans avoir jamais été lu (soit 142 millions pour l’année 2015 !). Elle dénonce une financiarisation de l’édition qui a accéléré la concentration du secteur : en 2014, 3 groupes (Hachette Livre, Editis et Madrigall) se partageaient 50% du chiffre d’affaires du secteur, avec des impératifs de rentabilité à court terme favorisant le gaspillage.
Et alors que le livre semble être devenu un objet de consommation de masse comme les autres, les industries françaises de l’impression et surtout du papier se sont effondrées ces 10 dernières années, au profit de groupes situés dans d’autres pays, en Europe ou dans des pays en développement. Ainsi, l’industrie papetière est le 3ème secteur le plus touché en France par les destructions d’emplois. Les fabricants s’approvisionnent auprès d’une filière mondialisée du papier dont les impacts environnementaux et sociaux sont peu connus des professionnels comme du grand public. Quant aux librairies, l’étude indique qu’elles « ont perdu quasiment 10 % de leurs effectifs salariés estimés entre 2009 et 2014 ».
Les auteurs de cette étude recommandent une remise en question de ce système avec le développement d’une réelle filière de livres éco-conçus et une relocalisation des filières de production afin de mieux maîtriser l’impact social et environnemental du livre. Plusieurs solutions existent déjà et méritent d’être encouragées comme les encres végétales, les papiers moins consommateurs de ressources, le soutien public au recyclage en France… Le livre numérique est également abordé mais son usage est relativisé au vu de ses impacts, là aussi loin d’être négligeables !
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Accéder à l’étude de BASIC : « Un livre français : Évolutions et impacts de l’édition en France »