C’est l’une des plus grandes manœuvres de manipulation de l’information jamais révélée en France.
Suite à la tribune d’un lanceur d’alerte publiée dans le journal Fakir, du député François Ruffin, Mediapart a mené l’enquête. Celle-ci dévoile une fraude massive à l’information, destinée à influencer le débat public.
Des centaines de faux articles
Ce lanceur d’alerte a travaillé six ans pour Avisa Partners, société spécialisée dans la cybersécurité mais également dans l’influence des médias et sur le numérique. Embauché en tant que pigiste indépendant, comme des centaines d’autres, il était chargé de rédiger des articles sur commande. Ceux-ci devaient aller dans le sens des clients de l’entreprise, valorisant certaines personnes ou activités, dénigrant ou incriminant d’autres. Ainsi rédigés, les articles étaient publiés sous pseudonymes sur des blogs ou sites participatifs. Ça a été le cas parfois de grands médias, comme Mediapart qui a recensé 634 faux articles sur son site collaboratif « Le club Mediapart ».
Orienter les opinions
L’objectif est de maintenir le flou, orienter des opinions, entretenir le lobbying de grands groupes voire de faire de la propagande déguisée. En effet, Fabrice Arfi, a mené l’enquête pour Mediapart sur ce sujet et révèle : « Ils infiltrent les plateformes participatives de sites français et étrangers pour (…) publier des billets de blog sous de fausses identités. Les lecteurs pensent lire l’opinion d’un citoyen indigné, d’une responsable. Or, c’est le produit d’une commande chèrement payée par des clients pour manipuler le débat public pour le compte de multinationales parfois, ou de dictatures souvent. C’est une énorme opération de manipulation et de trucage du débat public. »
Résultats, les fausses informations circulent plus rapidement et plus efficacement que les données scientifiques. À tel point que l’opinion publique ne sait plus qui parle de quoi. Difficile dans ces conditions de vérifier des informations ou la légitimité de ceux qui les véhiculent. Tout particulièrement pour les citoyens lambdas qui ne connaissent pas nécessairement le fonctionnement du circuit de l’information.