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Retraite : les droits familiaux et conjugaux sont-ils toujours adaptés ?

Dans le cadre du régime de retraite en France, les droits familiaux et conjugaux offrent une redistribution en faveur des personnes ayant assumé la charge des enfants (droits familiaux) ou dont le conjoint est décédé (droits conjugaux ou pension de réversion). Ces droits, conçus pour rectifier des disparités, bénéficient principalement aux femmes. Les règles en vigueur sont-elles toujours appropriées ?

Les droits familiaux et conjugaux de retraite ont été instaurés pour compenser d’une part les interruptions d’activité dues à la maternité et l’éducation des enfants, d’autre part les inégalités de retraite entre les femmes et les hommes (causées par les congés maternité, le travail à temps partiel, des rémunérations plus faibles…). En 2024, ils représentaient 16 % des pensions versées, soit 63,6 milliards d’euros.

Malgré les évolutions sociales (moins de mariages, plus de divorces, plus de femmes sur le marché du travail…), les inégalités persistent, toujours au détriment des femmes.

Les droits familiaux et conjugaux toujours nécessaires

Dans un rapport remis en novembre 2025, le Conseil d’orientation des retraites (COR) analyse l’état des droits familiaux et conjugaux et envisage des pistes d’évolution.
En premier lieu, les droits familiaux représentent 25 milliards d’euros et affichent une grande diversité de règles selon les régimes. Leur objectif principal est de compenser les effets de la maternité et des enfants sur la carrière des mères de famille par :
– la validation de périodes au titre de l’éducation des enfants (entre 2 et 8 trimestres attribués selon les régimes) ;
– l’amélioration du montant des pensions.

Ils bénéficient majoritairement à des femmes qui ont eu des carrières courtes ou fragmentées, moins rémunérées que celles des hommes.

D’autres dispositifs permettent de réduire les écarts, comme les majorations de durée d’assurance (MDA) et l’allocation vieillesse des parents au foyer (AVPF), dont 96 % des bénéficiaires en 2020 étaient des femmes.

En second lieu, les pensions de réversion (droits conjugaux) représentent 38,7 milliards d’euros en 2024 ; 87,3 % des bénéficiaires sont des femmes, du fait de leur espérance de vie plus longue et de pensions de droit propre plus faibles.
En 2023, l’écart entre les pensions moyennes de droit direct des femmes et celles des hommes est de 35 %. Grâce aux pensions de réversion, l’écart se réduit d’un tiers, passant à 23 %.

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Quels scénarios d’évolution ?

Le COR ne formule pas de solutions clé en main dans son rapport mais examine quelques pistes d’amélioration pour adapter les droits familiaux et conjugaux à la réalité actuelle, comme la généralisation de la condition de ressources pour les pensions de réversion (un mécanisme qui existe dans certains régimes mais qui, s’il est uniformisé, permettrait de réduire de 17 % les dépenses liées à la réversion d’ici 2070). Une proposition qui fait débat car la réversion dépendrait davantage du niveau de revenus que du statut matrimonial.

Par ailleurs, le COR envisage un basculement partiel des droits conjugaux vers les droits familiaux, lesquels reposeraient davantage sur le nombre d’enfants et non sur le mariage. Là encore, des critiques s’élèvent car une telle mesure pénaliserait les femmes, en particulier les veuves à faibles revenus.

En définitive, le rapport commandé par le gouvernement insiste sur la nécessité de préserver un modèle solidaire tout en réévaluant son efficacité, dans un contexte où les débats autour de la réforme des retraites demeurent houleux.

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