La politique publique en matière de sécurité routière a prouvé son efficacité. Le nombre de tués sur les routes en France a considérablement diminué depuis les années 1970, passant de 18 000 en 1972 à 3 500 en 2019*. Si la Cour des comptes salue « un succès incontestable », elle s’inquiète de la stagnation des chiffres depuis 2013. Par ailleurs, la position de la France s’est dégradée dans le classement européen, positionnée aujourd’hui à la 14ème place sur 28 (elle se situait à la 7ème place il y a dix ans).
Dans les années 2000, les pouvoirs publics ont choisi d’orienter leur action sur les comportements des usagers de la route. La multiplication des radars en 2003 et la limitation de vitesse à 80 km/h en 2018 ont « contribué à la sécurité des usagers », d’après le rapport.
Pour une sécurité routière plus globalisée
Si elle ne conteste pas la pertinence de ce choix, la Cour des comptes souligne qu’il s’est fait « par défaut ». Il refléterait « les difficultés de l’État à agir directement sur d’autres facteurs, notamment les infrastructures routières, du fait de la segmentation des réseaux issue de la décentralisation ». En clair, les autres aspects de la sécurité routière ont été mis de côté au profit du « tout radar ». L’institution plaide ainsi pour une meilleure prise en compte de l’accroissement du nombre de blessés graves. Ce nombre est important dans les populations les plus vulnérables. C’est ainsi notamment à cause de la mutation des mobilités (piétons, cyclistes…) et de l’évolution démographique (hausse du nombre de personnes âgées).
Elle recommande que les contrôles automatisés soient faits présence des forces de sécurité sur les routes et dans la circulation. En outre, elle souhaite que l’adhésion des citoyens à la politique de sécurité routière soit renforcée.
La Cour des comptes suggère enfin de s’inspirer des modèles développés dans les pays scandinaves et en Espagne qui ont mis en place des stratégies globales visant à agir simultanément sur les comportements, les véhicules et l’infrastructure. Pour cela, l’institution demande, d’une part, que les collectivités territoriales soient davantage impliquées, d’autre part, que la dimension interministérielle soit déployée avec un rapprochement entre le ministère chargé des transports et le ministère de l’Intérieur.
*L’année 2020 n’est pas prise en compte en raison de la crise sanitaire et des confinements qui ont de facto fait chuter le trafic routier et rendu impossible l’interprétation des résultats.